Sale temps pour les apiculteurs qui sont en train de perdre leurs abeilles par colonies entières. A Wormhout, une association lance un appel pour que les producteurs lésés se manifestent et réclament aux autorités sanitaires une enquête sur les raisons de cette hécatombe.
##fr3r_https_disabled##150 000 abeilles, trois essaims complètement détruits. Il y a quelques jours, un apiculteur de Wormhout a fait cette macabre découverte en venant inspecter ses ruches au sortir de l'hiver. D'autres apiculteurs ont fait la même découverte un peu partout dans la région Nord Pas-de-Calais. Du côté de Merville, Armentières, Douai ou Marcq-en-Baroeul.
Quelle est l'origine de cette hécatombe ? Pourquoi des essaims succombent brutalement alors qu'à quelques kilomètres, comme ici à Bierne, les ruches se portent bien et bruissent d'activité. Les associations d'apiculteurs tentent de recenser les nombres de ruches touchées pour trouver une explication.
L'association Apinord lance donc un appel aux apiculteurs concernés pour qu'ils se fassent connaître. Elle va également solliciter les services vétérinaires pour qu'une enquête soit menée pour trouver ce qui détruit les abeilles de la région.
Abeilles mortes dans toute le France
La France n'a jamais si peu produit de miel depuis 20 ans, et ce malgré un regain d'intérêt pour l'apiculture et une demande forte, car les colonies d'abeillesconnaissent des taux de mortalité inédits, dont sont en partie responsables insecticides et parasites. "2014 a été la pire des années dans l'Histoire récente de l'apiculture française qui voit sa production baisser constamment depuis 20 ans", a déclaré lors d'une conférence de presse Henri Clément, le porte-parole de l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf).
Selon des données recueillies dans une vingtaine de départements, la mortalité des abeilles, a atteint 50 à 80% dans de nombreuses zones des grandes régions de production comme Provence-Alpes Côte d'Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. "Avant l'arrivée de certains pesticides dans les années 90, comme les néonicotinoïdes, la mortalité était d'environ 5%", a souligné Gilles Lanio, le président de l'Unaf.
10% des espèces menacées
De nombreuses études ne cessent de montrer la nocivité des néonicotinoïdes sur les abeilles mellifères, mais aussi sur les pollinisateurs sauvages dont l'action est indispensable pour de nombreuses cultures. Une étude publiée jeudi par la Commission européenne démontre que près de 10%des quelque 2.000 espèces sauvages d'abeilles européennes sont ainsi menacées d'extinction, et 5% supplémentaires le seront dans un futur
proche si rien n'est fait.
Parmi les principales menaces pesant sur les abeilles, l'étude pointe la perte de biodiversité végétale, résultat de l'agriculture intensive et de l'usage de pesticides. Elle est désignée comme responsable de la quasi-disparition dans certains pays européens de l'espèce Andrena transitoria, auparavant répandue de la Sicile à l'Ukraine.
Autre menace majeure, le réchauffement climatique, qui affecte en particulier les bourdons, dont le quart des espèces est menacé d'extinction. L'étude incrimine aussi l'urbanisation et la multiplication des incendies comme facteurs du déclin des abeilles sauvages. L'Agence européenne de sécurité des aliments avait appelé l'UE il y à un an à redoubler d'efforts scientifiques pour parer à l'hécatombe des abeilles, déplorant notamment une "pénurie de travaux sur les abeilles autres que mellifères".