Martine Aubry va sortir de son silence et dévoiler ses intentions vendredi soir à quelques semaines du congrès du PS, des cadres du parti misant sur son ralliement au "texte de rassemblement" autour du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis.
La maire de Lille tiendra un point-presse à 19H30 à l'Assemblée nationale et "c'est lié au Congrès" du PS, à Poitiers du 5 au 7 juin, a indiqué l'un de ses proches, le député socialiste Jean-Marc Germain, sans fournir plus de détails.
Cette rencontre avec la presse de l'ancienne première secrétaire du PS interviendra à quelques heures de la limite de dépôt des "motions" ou orientations programmatiques en vue du congrès du PS, fixée à vendredi minuit.
Ces "motions" seront enregistrées samedi après-midi par le Conseil national ou "parlement" du parti avant d'être soumises aux militants socialistes le 21 mai. Quelque six semaines de campagne interne au PS vont donc s'ouvrir avant le vote des militants.
Soutien d'Aubry à Cambadelis ?
Jean-Christophe Cambadélis devrait dévoiler samedi matin sa "motion", qui aspire à être "majoritaire", c'est-à-dire rassembler la majorité des sensibilités socialistes, et à obtenir le soutien du gouvernement, en particulier celui de Manuel Valls, qui, selon des sources concordantes, devrait apporter sa signature au texte.Même si Martine Aubry et ses proches entretiennent le suspense, un vent d'optimisme était perceptible vendredi rue de Solférino, le siège du PS, sur la possibilité de voir la maire de Lille se rallier au texte de Jean-Christophe Cambadélis.
"J'ai de bonnes raisons de penser que nous trouverons les moyens de faire une forme de synthèse entre Jean-Christophe Cambadélis et Martine Aubry",
a confié sur Sud Radio Juliette Méadel, porte-parole du PS, se déclarant par ailleurs "très sereine" au sujet de la motion commune élaborée par les deux courants de l'aile gauche du PS et les "frondeurs" du parti.
"J'ai connu des Congrès qui se préparaient sous de bien plus mauvais auspices que celui ci", a-t-elle même ajouté en prévoyant un "texte de rassemblement" autour de Cambadélis.
"Plus loin demain"
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a également émis des signaux clairs en direction de Martine Aubry, souhaitant dans Les Echos que la maire de Lille "s'inscrive dans la majorité du PS". Mettant en avant plusieurs mesures sociales du quinquennat Hollande, comme le compte pénibilité, le porte-parole a assuré que l'exécutif souhaitait aller "plus loin demain" et que Martine Aubry avait "toute sa place dans cette construction du progrès social".Sans l'admettre ouvertement, l'exécutif a multiplié les initiatives pour tenter de répondre aux réticences ou à l'opposition de l'aile gauche du PS vis-à-vis de
la politique gouvernementale. Et Martine Aubry a exprimé à plusieurs reprises son mécontentement à cet égard, notamment au sujet des réformes
de libéralisation de l'économie contenues dans la loi Macron.
Motion à la gauche du PS
Manuel Valls a dévoilé aussi mercredi un arsenal de mesures pour raviver l'investissement privé, accompagnées d'une promesse sociale, le compte personnel d'activité en 2017, autant de points de préoccupation évoqués par Martine Aubry et l'aile gauche du parti.Celle-ci, constituée de deux courants au sein du PS, est parvenue à une motion commune avec les "frondeurs" socialistes, critiques du gouvernement, avec pour premier signataire le député de la Nièvre, Christian Paul.
Le premier signataire d'une motion est le candidat de celle-ci au poste de Premier secrétaire, sur lequel les militants PS se prononceront le 28 mai. Refusant une logique d'affrontements entre une "motion Cambadélis" et une "motion aile gauche", la secrétaire nationale du PS à l'Economie, Karine Berger, a annoncé qu'elle déposerait sa propre motion, dite des "non-alignés".
Le "Pôle des réformateurs" devrait dévoiler ses intentions dans la journée de vendredi. Une motion "militante", déposée par une secrétaire nationale, Florence Augier, est aussi attendue.
Entre temps, les tractations de dernière minute se poursuivent. "Cela va durer toute la journée", souffle un parlementaire. Du côté de l'aile gauche, l'humeur paraît combative. "Ce congrès ne doit pas servir à rien", a lancé François Kalfon sur le Talk le Figaro.fr.