Paris-Roubaix : le vainqueur John Degenkolb savoure son "premier Roubaix sans souci"

L'Allemand John Degenkolb, impressionnant vainqueur de Paris-Roubaix après avoir remporté Milan-Sanremo en début de saison, n'avait "pas de mots assez forts pour exprimer" ce qu'il ressentait dimanche à Roubaix.

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Après avoir triomphé sous les yeux de sa famille (notamment son petit garçon né en janvier), le coureur de l'équipe Giant a souvent été pris par l'émotion durant sa conférence de presse d'après-course.

Que ressentez-vous après ce succès autoritaire?

Je ne parviens pas à l'imaginer, je ne réalise pas. Doubler Sanremo et Roubaix, ça représente tellement pour moi. Je n'ai pas de mots assez forts pour exprimer ce que je ressens. C'est un moment incroyable. Je l'ai fait. C'est juste, c'est... pfff (il souffle et ne termine pas sa phrase).

Quelle a été la clé de ce succès ? 

Je me suis souvenu du scénario de l'an passé (2e derrière Terpstra, NDR). Je ne voulais pas revivre ça. On a revu la course plusieurs fois avec l'équipe, on a discuté des choses à améliorer et des erreurs à ne plus commettre. J'ai bien contrôlé la course, avec l'aide de mes équipiers qui sont restés avec moi assez longtemps. A 10 km, je sentais que tous les coureurs étaient dans le dur, j'ai senti que c'était le moment d'accélérer. C'était à tout ou rien, car j'étais aussi à la limite. Mais cela m'a souri. D'une manière plus générale, à Roubaix, tout doit être parfait pour que cela fonctionne. La condition, le vélo. J'ai travaillé très dur durant l'hiver pour être capable de conserver ma condition au sommet entre Sanremo et Roubaix. On ne se rend pas compte des efforts que cela représente. Il faut être capable de récupérer. C'est mon premier Roubaix sans soucis. Pas de chute, pas de crevaison, pas d'ennui mécanique.

Pensiez-vous la victoire acquise une fois le sprint devenu inévitable ?

Non. J'ai dû m'investir beaucoup pour me retrouver dans la situation de pouvoir jouer la victoire au sprint. J'étais donc très fatigué. J'ai dû réagir à de nombreuses attaques. Les hommes d'Etixx avec Stybar et Lampaert étaient en nombre, mais je sentais qu'ils étaient eux aussi éprouvés. Mes jambes étaient dures. J'ai juste pensé à pousser le plus fort possible sur les pédales. Maintenant, je réalise ce que j'ai réussi, c'est incroyable!


Où va s'arrêter votre progression et celle de votre équipe ? 

J'espère qu'elle va continuer. Chez Giant, on fait les choses bien, pas à pas, sainement, dans une structure très organisée. Dans d'autres équipes, on cherche les résultats tout de suite. Parfois ça marche, mais quand la chute survient, elle est souvent lourde. Opter pour cette structure (anciennement Argos-Shimano, NDR) quand j'ai quitté HTC (fin 2011), c'est la meilleure décision que je pouvais prendre. On m'a pourtant critiqué à l'époque, certains estimant que j'optais pour une formation de seconde zone. Je suis arrivé dans un environnement où l'on m'a laissé du temps, sans me mettre de pression. Et aujourd'hui, c'est toute cette équipe qui récolte les résultats. Ces deux monuments (Milan-SanRemo et Roubaix), c'est le mérite de l'équipe.

Avec Alexander Kristoff et vous, c'est le cyclisme de ces prochaines années qui a émergé ces dernières semaines?

Avec Kristoff, c'est vrai que nous avons des styles comparables, que nous pouvons briller sur les mêmes courses. Mais résumer le cyclisme à deux coureurs, c'est impossible. Il y a tellement de courses qui mettront en évidence d'autres styles de coureurs. Il ne faut pas enterrer Cancellara. J'espère qu'il reviendra vite, car j'adore rouler avec lui. C'est un grand combattant. Et puis, il y a de nombreux jeunes qui poussent, qui vont prendre de l'expérience. Moi, il m'a fallu cinq ans de travail chez les pros pour en arriver là. D'autres y parviendront aussi.

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