Procès Outreau : "Legrand, c'est son nom ou c'est parce qu'il est grand...?"

"Legrand, c'est son nom ou c'est parce qu'il est grand?" a demandé lorsqu'il était enfant Jonathan Delay, une des victimes de l'affaire de pédophilie d'Outreau, selon un témoignage inédit livré jeudi à la barre au troisième jour du procès de Daniel Legrand à Rennes.

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Interrogée, Sylvie Chochois, assistante familiale qui avait pris en charge le petit Jonathan Delay placé chez elle en 2000, a spontanément déclaré: "Il y a une chose dont je me souviens bien, c'est qu'il m'a dit: "Legrand, c'est quoi, c'est son nom ou c'est parce qu'il est grand?"" Une déclaration, jamais faite au cours de l'instruction ou des deux premiers procès, qui a créé la surprise au lendemain de la déposition de Jonathan Delay qui avait, lui, affirmé que Daniel Legrand faisait bien partie des personnes qui l'avaient violé quand il était enfant, mais sans pouvoir préciser quels actes ou gestes il avait commis. Le président a fait répéter plusieurs fois la phrase à Mme Chochois avant de demander: "Quand il vous pose la question, c'est qu'il a entendu parler de Legrand?" "Oui", a-t-elle reconnu, mais sans pouvoir dire précisément comment.

Un élément de plus mettant en doute le fait que les enfants Delay connaissaient vraiment Daniel Legrand quand son nom est apparu dans le dossier. Dès 2004, lors du premier procès découlant de l'instruction du juge Fabrice Burgaud, les défenseurs de Daniel Legrand père et fils, qui finirent tous deux par être acquittés, avaient mis en avant la fragilité de l'entrée de leur nom dans le dossier.

Ce nom n'avait pas été cité lors des toutes premières dépositions des fils Delay sur les viols dont ils étaient victimes. Il n'est apparu pour la première fois,
sous la forme de "Dany Legrand en Belgique", que six mois après le début de l'instruction sous la plume de Christiane Bernard, autre assistante familiale, dans une "liste" où elle déclarait avoir retranscrit les noms des personnes que l'enfant Dimitri Delay accusait.

Ce surnom, "Dany", n'était porté ni par le père ni par le fils, qui vivaient en France à Wimereux et non en Belgique, et il ne désignait qu'une seule personne, pas deux. Daniel Legrand comparaît à Rennes pour la période où il était âgé de 16 à 18 ans, jamais jugée. Il a en revanche été acquitté, avec 12 autres des accusés d'Outreau, des accusations de viols postérieurs à sa majorité. Son père est décédé en 2012.

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