Dans cet épisode, changement d'uniforme. Les soldats de 1914 ont été fauchés par les tirs ennemis, notamment à cause de leurs pantalons rouges. Un nouvel uniforme plus discret est alors imaginé, l'uniforme "bleu horizon". Mais sa généralisation ne s'est pas faite sans mal.
Le Poilu est entré dans l'histoire, habillé de cet uniforme, le fameux "bleu horizon". Un uniforme commandé en catastrophe, pour remplacer la tenue garance, si visible sur le champ de bataille. Pour l'enfiler, les soldats ont du patienter, et il y a eu beaucoup d'ajustements, avant qu'il ne trouve sa forme définitive.
La France est le pays des élégances. La nouvelle tenue est commandée à un grand couturier, Paul Poiret. Ami des femmes, il a supprimé le corset et habille le Tout Paris. Cette fois, c'est une capote qu'il doit imaginer : coupe droite, une seule rangée de boutons. Il faut faire des économies.
Les troupes sont équipées à partir du printemps 1915. Le caporal Roland Dorgelès salue la nouvelle tenue, plus légère, qui remplacera avantageusement sa capote trouée et tâchée. Il savoure : « Habillé de neuf, sans être obligé de perdre son temps chez le tailleur ». Son confrère écrivain, Blaise Cendrars, est beaucoup plus caustique. Légionnaire, il a testé toutes les couleurs imaginables. Et à chaque changement, les uniformes rejetés ont été brûlés.
Très vite, la tenue Poiret a été adaptée. Des poches ont été rajoutées pour emporter plus de munitions. La guerre est féroce. Et à vouloir faire des économies, on s'en mord parfois les doigts. La capote, trop légère, a favorisé les cas de tuberculose. Un nouvel uniforme plus chaud, croisé, à doubles rangées de boutons a donc été fabriqué. Mais avant de le porter, les Poilus ont dû user leurs capotes Poiret.