Outreau : l'incompréhension intacte et poignante des acquittés

Les premiers acquittés d'Outreau ont commencé à témoigner lundi à Rennes de leur incompréhension intacte et poignante d'avoir été impliqués dans cette affaire de pédophilie, au procès de l'un des leurs, Daniel Legrand, pour des accusations non encore jugées.

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"J'ai jamais rien compris, j'aimerais bien qu'on me dise pourquoi on m'a accusé d'une telle chose", a expliqué par vidéoconférence, sa colère intacte, David Brunet. Et devant le refus de Jonathan Delay, 21 ans, une des parties civiles, de répondre au président sur les accusations de viols qu'il avait proférées contre M. Brunet quand il était enfant, ce dernier l'a directement interpellé: "Jonathan, je comprends ce que tu as vécu avec tes parents... La vie pour toi a été dure, je me mets à ta place, quand je vois cette affaire qui repasse à la télé... J'ai de la haine contre eux, tes parents, les quatre principaux (condamnés pour viols, ndlr)".

"Vis ta vie, profite, grandis, deviens un homme : vis bordel! Vis, on n'a qu'une vie... La vie est tellement courte, tellement dure...", a ajouté M. Brunet à l'adresse du jeune homme. Qui n'a rien répondu.

Intervenant également par vidéoconférence, Sandrine Lavier, une autre des acquittés, a comparé en larmes son implication dans l'affaire à "une descente aux enfers". Une de ses filles placées n'est jamais revenue dans sa famille après son acquittement. Ni M. Brunet ni Mme Lavier ne connaissaient Daniel Legrand avant l'affaire.


Accusations réitérées 

"Cette affaire d'Outreau ne nous lâchera jamais", a déploré un peu plus tôt devant la presse une autre des acquittés, Karine Duchochois.

Dimitri Delay, un autre des frères Delay victimes d'Outreau, avait réitéré dans la matinée, comme ses frères Jonathan et Chérif au début du procès, ses accusations contre Daniel Legrand, 33 ans. Ce dernier est désormais poursuivi pour des faits qui auraient été commis alors qu'il était mineur alors
qu'il a été acquitté des faits supposément commis après sa majorité.

"Je sais qu'il était là et je l'ai vu abuser de moi et mes frères, je peux pas vous donner de précisions", a déclaré Dimitri Delay, 23 ans, qui témoignait pour
la première fois au procès qui doit s'achever vendredi.


'Je vous demade pardon' 

Il a déclaré que le père homonyme de Daniel Legrand (acquitté aussi) faisait partie de ses agresseurs. Mais il n'a pas su expliquer pourquoi dans son enfance il n'avait cité à son assistante familiale qu'un seul "Dany Legrand" et pas deux.

Interrogé par Hubert Delarue, avocat de Daniel Legrand, sur les 50 personnes qu'au total il avait désignées comme agresseurs au cours de l'instruction, Dimitri Delay s'est refusé à revenir sur un seul nom: "Tout ce que j'ai dit, je le pense, et je pense que j'ai pas à me justifier de ce que j'ai dit... Désolé si ça répond pas à votre question."

Aucun des trois garçons Delay n'avait reconnu Daniel Legrand comme agresseur lors des deux premiers procès de l'affaire, en 2004 à Saint-Omer et en 2005 à Paris. Sur les 17 accusés, quatre, dont leurs parents, ont été condamnés pour les avoir violés, et 13 autres furent acquittés, certains après trois années passées en prison, leurs enfants placés...

Chérif Delay a en revanche clairement reconnu avoir accusé une personne à tort, à l'ouverture de l'audience lundi. Chérif et Dimitri Delay avaient accusé en 2001 une infirmière, dont la fille était scolarisée dans la même école qu'eux alors qu'ils avaient été placés hors de leur famille, d'avoir participé à des orgies entre adultes et enfants.

Mise en garde à vue en mars 2002, elle n'avait finalement pas été renvoyée devant les assises. Interrogé par le président, Chérif Delay a reconnu que ses accusations d'alors étaient fausses. "Je suis désolé, je vous demande pardon", a-t-il déclaré à l'adresse de cette femme. "Ça me touche beaucoup", lui a-t-elle répondu. Dimitri Delay a en revanche maintenu ses accusations.
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