L'auteur d'un photomontage, diffusé en pleine campagne législative en 2012 dans le Pas-de-Calais, montrant Jean-Luc Mélenchon (PG) grimé en Hitler, a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Paris.
Il était poursuivi par M. Mélenchon pour diffamation, mais les juges ont estimé que les propos poursuivis présentent un caractère trop imprécis pour être considérés comme diffamatoires au sens de la loi. La diffamation est définie comme l'imputation d'un fait précis, portant atteinte à l'honneur ou à la considération. Le parquet avait estimé qu'ils relevaient plutôt de l'injure.
Le 7 juin 2012, avait circulé sur internet un montage montrant M. Mélenchon, alors candidat face à Marine Le Pen (FN), affublé de la moustache et de la coiffure d'Adolf Hitler, portant une croix gammée à la boutonnière, sur fond de camp de concentration. Y figurait le texte "Notre objectif reste de battre le FN, de l'éradiquer politiquement, on y passera le temps qu'il faudra, jusqu'à ce qu'on ait le dernier mot" et "Votons Mélenchon! Wir müssen die Beseitigung politisch FN", ce qui, dans un allemand approximatif, signifie "nous devons éliminer politiquement le FN". Identifié, l'auteur du photomontage avait assuré qu'il l'avait réalisé de sa propre initiative et non à la demande du Front national, parti pour lequel il votait, sans en être membre, et se disant "Français de souche".
Qualifiant le prévenu de "troll d'extrême droite" qui répand sur internet "des paroles de haine et de violence", l'avocate de M. Mélenchon, Raquel Garrido, a jugé "regrettable qu'il y ait une impunité sur des faits d'une telle gravité". A l'époque, parmi les tracts visant M. Mélenchon, il avait jugé ce photomontage comme étant "le plus répugnant". Fin mai 2012, les équipes de Mme Le Pen avaient distribué un tract comportant une photo de Jean-Luc Mélenchon et reproduisant l'une de ses phrases prononcées lors d'un discours à Marseille le 14 avril précédent: "Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb." Condamnée en première instance à 10.000 euros d'amende, Mme Le Pen, présidente du FN, a été relaxée en appel le 19 mai dernier.