Le groupe Alkor choisi pour reprendre Office Depot : "c'est un carnage social, 1000 salariés vont perdre leur emploi"

Le tribunal de commerce de Lille s'est prononcé jeudi 3 juin en faveur de la coopérative Alkor pour reprendre l'entreprise de fourniture de bureau Office Depot placée en redressement judiciaire le 5 février dernier. Ce repreneur s'engage à garder 460 salariés sur 1500.

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Le dénouement était attendu depuis plusieurs mois. Il n'est malheureusement pas à la hauteur des attentes des salariés, en plein doute depuis le placement en redressement judiciaire d'Office Depot le 5 février dernier. 

C'est finalement la coopérative Alkor qui a été choisie par le tribunal de commerce de Lille pour être le repreneur de l'entreprise de fournitures de bureau dont le siège se situe à Senlis dans l'Oise. Elle s'engage à reprendre 460 salariés, proposant également 370 postes supplémentaires en interne via une bourse à l'emploi. 

La coopérative, qui reprend 50 magasins, estime ainsi sauver "830 emplois", sur les 1500 que compte l'entreprise. "La cellule de reclassement et d'accompagnement pilotée pendant deux ans par le spécialiste du recrutement Aksis permet dès maintenant d'offrir le maintien de l'ancienneté sans période d'essai pour les salariés qui accepteront ces offres d'emplois dans un délai d'un mois après décision du tribunal", soit avant le 3 juillet, indique Alkor dans un communiqué.

"La voix des salariés n'aura pas été entendue"

Pour les salariés, au contraire, c'est la douche froide. "Après le scandale des agissements de notre actionnaire. Place à la honte. La voix des salariés n'aura pas été entendue et respectée une fois de plus", déplore le délégué syndical central UNSA et secrétaire du CSEC, Sébastien Fournier. 

Mardi 25 mai, sept offres avaient été déposées devant le tribunal de commerce de Lille, dont trois "réellement en concurrence pour la reprise", selon Sébastien Fournier. "L’offre la mieux-disante cause malgré tout 800 licenciements, indiquait-il. Depuis deux ans, les élus ont alerté et usé de tous les moyens à leur disposition pour empêcher ce sabotage, tous les voyants étant au rouge. Force est de constater que personne n’a agi efficacement, à commencer surtout par l’Etat et les services du Bruno Lemaire au CIRI, qui, alertés dès 2020, et bien que les élus les aient rencontrés à de multiples reprises, n’a pas daigné user de son influence pour infléchir le cours des évènements et stopper le pillage de l’entreprise."

Le représentant syndicat dénonce aujourd'hui un "carnage social". "1 000 salariés vont perdre leur emploi malgré plus de deux ans de combat pour éviter la catastrophe provoquée volontairement par notre actionnaire allemand Aurelius sous les yeux du gouvernement, et malgré nos alertes. Aucune prise de parole publique de nos gouvernants sur ce bain de sang", ajoute-t-il. 

60 magasins en France

Pour le groupe Aurelius, propriétaire de l'entreprise depuis 2017, cette situation résulte de la crise sanitaire. Pour les salariés c'est plutôt la mauvaise gestion du groupe qui a fait plonger l'usine.

Résultat : avec 60 magasins, 22 plateformes logistiques et 3 entrepôts à travers la France, près de 1500 salariés se sont retrouvés sur la sellette, sans compter les intérimaires, les fournisseurs et les prestataires externes.

Depuis plus de trois mois, ils attendaient une solution de reprise. Le 20 avril dernier, le tribunal de commerce de Lille devait désigner un repreneur parmi les 13 candidats. Estimant que les offres n'étaient pas suffisamment abouties, l'administrateur judiciaire a demandé un renvoi. Une situation devenue de plus en plus anxiogène pour les salariés. 

"Pourquoi ce mépris ? Qu'avons nous fait pour mériter tout ça ?", se demande aujourd'hui le délégué syndical, qui annonce en parallèle que les salariés et leurs représentants feront appel de cette décision.

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