La chaîne de magasins de fournitures de bureau Office Dépôt, dont le siège social est basé à Senlis, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lille le 5 février 2021. Au total près de 1 600 emplois sont menacés à travers la France.
L'avenir des 1 584 salariés français d'Office Dépôt est incertain. Placée en redressement judiciaire, l'entreprise de vente de fournitures de bureau risque la liquidation judiciaire si aucun repreneur n'est trouvé d'ici le mois de septembre.
D'après la direction et le groupe Aurelius, propriétaire de l'entreprise depuis 2017, c'est la crise sanitaire qui a "gravement affecté" l'entreprise. Mais pour Sébastien Fournier, qui représente les salariés devant le tribunal de commerce, il s'agit là d'un simple prétexte.
Dialogue rompu entre l'actionnaire et les salariés
"Le problème ici, ce n'est pas le covid, c'est le business model d'Aurelius. Ils aspirent la trésorerie en faisant payer des charges très élevées et pas toujours justifiées, et ils n'investissent jamais rien", déplore Sébastien Fournier, délégué syndical central UNSA et secrétaire du CSEC. Pour lui, c'est clair : l'actionnaire n'a pas l'intention de participer à la sauvegarde de l'entreprise.
"Il y avait des solutions sur la table avant le redressement judiciaire, mais Aurelius n'est pas clair dans son positionnement. Un jour il voulait vendre, le lendemain il ne voulait plus et ne répondait pas aux offres des repreneurs. Il a laissé pourrir la situation".
D'autant plus frustrant pour les représentants des salariés, qui mettent en avant les bons résultats et le marché porteur. "En pleine crise sanitaire, la direction française a réussi à mettre en place un plan de transformation, et ça a très bien fonctionné. Les quatre derniers mois de l'année, on a eu des résultats records, on a arrêté de perdre de l'argent et on s'est remis à en gagner."
Des précédents alarmants
D'un côté donc, des salariés et une direction française qui veulent à tout prix éviter la liquidation judiciaire, et de l'autre un actionnaire allemand censé être spécialisé dans la restructuration d'entreprises, qui se fait pourtant très discret ces derniers temps.
Les représentants des salariés ont d'ailleurs rappelé récemment le passé sulfureux du groupe, souvent qualifié de "fonds vautour". C'est comme ça que sont surnommés les fonds d'investissement spéculatifs qui rachètent des entreprises en difficultés pour une somme dérisoire, dans le but de faire une plus-value lors de la restructuration... Quitte à laisser ensuite l'entreprise couler par la suite.
Il se trouve que le groupe Aurelius a en effet déjà racheté plusieurs entreprises françaises qui ont fini par être liquidées quelques temps plus tard.
L'exemple le plus troublant date de 2007. Le groupe Aurelius a racheté l'entreprise de vente par correspondance Quelle, basée dans le Loiret. Deux ans plus tard seulement, l'entreprise dépose le bilan, avec 598 licenciements à la clés. En cause, une gestion "chaotique" de la part du groupe, d'après le tribunal de commerce qui l'a condamé à versé près de 3 millions d'euros de dommages et intérêts aux salariés.
Voilà donc de quoi inquiéter les salairés d'Office Dépôt, qui ont peur de voir l'histoire se répéter et de perdre leur emploi. Avec 60 magasins, 22 plateformes logistiques et 3 entrepôts à travers la France, 1 584 salariés sont sur la selette, sans compter les intérimaires, les fournisseurs et les prestataires externes. Le siège social ainsi qu'un entrepôt se trouvent à Senlis. Dans le Nord, on trouve une plateforme de distribution à Seclin, et un magasin à Englos.
L'espoir d'un repreneur
Que va-t-il se passer maintenant ? Il faudra patienter un peu pour connaître le sort des salariés. Une période d'observation de six mois a été décidée par le tribunal de commerce. À l'issue, plusieurs possibilités : un plan de continuité, une reprise ou, dans le pire des cas, une liquidation judiciaire.
Dans un communiqué de presse en date du 5 février, le groupe Aurelius semblait plutôt envisager de vendre à un repreneur.
Pour Sébastien Fournier, la meilleure solution serait de trouver un repreneur qui s'engage à garder l'entreprise dans son ensemble et à protéger au mieux l'emploi. "Notre priorité, c'est de conserver l'unité de l'entreprise. Il y a trois canaux : les magasins, la vente à distance, et la partie qui gère les contrats avec les professionnels. Il faudrait éviter que l'entreprise soit démantelée avec un repreneur par canal." À ce stade, il reste encore optimistes. "Nos résultats sont bons et le marché est porteur, il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas", assure-t-il.
Il espère désormais être reçu par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui n'a pas encore donné suite à ses sollicitations.