VIDÉO. 75 ans après la Seconde Guerre mondiale, une Allemande a retrouvé pour la 1ère fois son demi-frère français

Sigrid Römer est née en 1945 d’une union entre une Allemande et un prisonnier de guerre polonais. 75 ans plus tard, elle a enfin retrouvé la trace de son père, décédé en 1978. Elle vient de rencontrer pour la première fois son demi-frère français et sa nièce à Prémesques dans le Nord. 

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Le 8 avril dernier, Guislain Zwierz, 71 ans, reçoit un appel de sa fille : “Papa, viens tout de suite à la maison, j’ai quelque chose de très important à te dire”. Guislain qui habite à Houplines dans le Nord, rejoint immédiatement Prémesques où se trouve le domicile de Stéphanie Zwierz, sa fille. Nous sommes en plein confinement, toutes sortes de pensées lui traversent l’esprit. Il frappe à la porte, tremblant. “Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu es malade ? Ton fils est malade ?”. Il est loin d’imaginer ce qui l’attend. 

Comment a-t-il pu vivre tant d’années avec cet immense secret ?

“Je viens de recevoir un courrier du International Center on Nazi Persecution. Tu as une demie-soeur. Elle s’appelle Sigrid et vit en Allemagne. C'est la fille de Joseph Zwierz, ton père. Elle cherche à nous retrouver depuis des années.” Guislain devient livide. Ému aux larmes, il tente d’assimiler l’information comme il peut. Tout de suite, des dizaines de questions se posent : “Pourquoi nous a-t-il caché à tous qu’il avait une fille ?” “Comment a-t-il pu vivre tant d’années avec cet immense secret ?” 
Bien loin de la réalité qui les entoure, du Covid-19 qui menace la planète toute entière, du confinement, des masques et des attestations de sortie, Guislain et Stéphanie se replongent dans le passé, dans une autre période qui a marqué l’Histoire : la Seconde Guerre mondiale. Ils cherchent la moindre évocation de ce secret de famille dans les documents laissés par Joseph Zwierz, décédé en 1978.

Prisonnier de guerre, Joseph Zwierz tombe amoureux d’une jeune Allemande 

Petit à petit, les pièces du puzzle s’assemblent. Tout commence en 1939. Au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Joseph Zwierz, immigré polonais venu en France chercher du travail, s’en va au front. Il se retrouve prisonnier de guerre, entre les mains de l’ennemi, forcé de travailler dans une ferme à Erlinghausen, en Allemagne. De cette détention naît une aventure amoureuse entre Joseph et Elfriede Römer, la petite-fille du fermier. La jeune Allemande tombe enceinte peu avant la libération du prisonnier, reconduit en France le 15 avril 1945. 
 

Une fois rentré chez lui, Joseph fait toutes les démarches nécessaires pour qu’Elfriede et leur fille puissent gagner la France. Mais le contact est rompu. Ils ne se reverront plus. Joseph refait sa vie. Et jamais, il n’avouera l’existence de Sigrid. Il rencontre Maria, dans le Nord de la France. En 1949, le couple accouche d’un enfant “unique” : Guislain.

Des années de recherche pour retrouver son père 

De l’autre côté de la frontière, la petite Sigrid grandit. Elle se démène pour retrouver la trace de son père, Joseph, mais sa mère (aujourd’hui décédée) l’en dissuade. Au fil des années, elle se rapproche de différentes associations pour enquêter sur ce fameux prisonnier français : la Croix Rouge Internationale d’abord, sans succès, puis Arolsen Archives, un institut de recherche des victimes du nazisme. Elle découvre ainsi que Joseph vivait à Bailleul. Les investigations mènent la septuagénaire et l’association à l’adresse postale de Stéphanie Zwierz, la fille de Guislain Zwierz et petite-fille de Joseph Zwierz. Sa nièce, donc. C’est ainsi que Stéphanie reçoit le 8 avril dernier une lettre qui bouleverse sa vie et celle de sa famille. 

“Ça me fait mal qu’il ne nous ait rien dit, ni à sa femme, ni à son fils, ni à sa petite-fille, regrette Stéphanie. Ça me blesse que mon grand-père soit parti avec ce secret. Ça a dû être tellement dur pour lui. Sur certaines photos il paraît triste. Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi.” Mais c’est un sourire qui se dessine sur les lèvres de la Nordiste lorsqu’elle évoque le programme de ce vendredi 24 juillet. 

Des retrouvailles sous l’oeil discret des caméras 

75 ans plus tard, la famille s'est enfin retrouvée. Sigrid a débarqué à Prémesques pour rencontrer son demi-frère et sa nièce. De chaque côté, l’excitation a dépassé l’appréhension. “Sigrid fait partie de notre famille mais nous ne nous connaissons pas. C’est rare… tout de même, une histoire comme ça !” 

Après de longues heures de discussion pour rattraper les 75 années qui se sont écoulées, Sigrid, Guislain et Stéphanie ont pu se recueuillir devant la tombe du grand absent : leur père, Joseph Zwierz. 
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