Une centaine de personnes se sont réunies devant le parc Richelieu de Calais, au lendemain du naufrage de migrants survenu ce mercredi 24 novembre. Un hommage rendu aux 27 personnes décédées alors qu'elles tentaient de traverser la Manche, en quête d'une vie meilleure.
Rassemblés. Dans le silence. En hommage aux 27 migrants qui ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche à bord d’un bateau de fortune mercredi 24 novembre. Le drame le plus meurtrier que la Manche ait connu.
Dans la foule, des exilés, des militants associatifs, des habitants de Calais, des journalistes français, britanniques, portugais, belges…"Je me sens impuissante, témoigne une calaisienne venue spontanément se recueillir. Je passe par tous les sentiments. Je suis à la fois abattue, abasourdie, en colère et résignée. Mais je me dis aussi qu’il faut trouver des solutions. Ici, les associations font un travail formidable. C’est au niveau politique qu’il y a une vraie réflexion à mener". Plusieurs pancartes dénoncent une frontière "meurtrière".
Un peu plus loin du large cercle formé, un couple de calaisiens baisse la tête. "Nous sommes là en soutien aux migrants. Nous les croisons tous les jours ici, dans les rues de la ville. Peut-être que nous avons déjà croisé ceux qui ont péri hier". C’est la première fois qu’ils assistent à un tel rassemblement. Choqués par le nombre d’exilés décédés, mais également lassés de voir que rien ne change. "C’est de pire en pire et personne ne fait rien. Nous aimerions les aider mais que voulez-vous que nous fassions à notre petit niveau ?".
"Leurs espoirs ont été volés, leurs vies subitement arrachées... paix à leurs âmes", a déclaré un militant au micro
Au milieu des Calaisiens rassemblés, une banderole et des bougies. Certains ont déposé quelques roses blanches. "Cela fait plus de 336 personnes décédées à la frontière franco-britannique depuis 1999, dont 36 en 2021", déclare une militante du groupe Décès, composé de membres de diverses associations d’aide aux migrants basées à Calais. Leur objectif est d’accompagner et de soutenir les proches des personnes décédées et les exilés : lien avec les autorités administratives, préparation de l’inhumation ou du rapatriement, soutien psychologique… "De cela, l’Etat ne s’est jamais préoccupé", assurent les militants. "Même après la mort, la dignité des personnes exilées est piétinée".
En marge de ce rassemblement, plusieurs hommages ont été rendus. Devant la stèle des droits de l’homme à Dunkerque, mais également place de la République à Paris. Dans un communiqué commun, les évêques de Lille, Arras et Cambrai ont appelé les églises de la région à faire sonner leur glas. "Comment penser que la fermeture des frontières et le renforcement de la sécurité puissent résoudre de façon durable cette crise migratoire ?", s’interrogent-ils.