Un ciel plus transparent, des couleurs plus franches, des dizaines de détails révélés au grand jour: la restauration de la pièce maîtresse de "L'Agneau mystique", joyau de l'art flamand, est enfin achevée.
"L'Agneau mystique" peint au début du XVe siècle par les frères Van Eyck a révélé mardi en Belgique son visage original, "beaucoup plus expressif et intense", selon l'équipe chargée de la restauration de ce chef d'oeuvre de la peinture primitive flamande. "Le paysage de l'Agneau mystique s'est ouvert ! Joyeux, ensoleillé", s'est exclamée mardi la responsable de la restauration, Hélène Dubois, lors de la présentation à la presse du registre inférieur du retable. La restauration l'a débarrassé des vernis et des surpeints accumulés au fil des siècles.
C'est l'une des étapes importantes du vaste travail de rénovation entrepris fin 2012 par l'Institut royal du Patrimoine artistique (Irpa) sur le célèbre retable de la cathédrale Saint-Bavon de Gand (nord-ouest).
Depuis quelques mois, ce travail, qui a pour cadre le musée municipal des Beaux-Arts de la cité flamande, se concentrait sur le dégagement des surpeints de la partie centrale de l'oeuvre, comprenant la tête de l'agneau. Et l'aboutissement de cette étape, présenté mardi à la presse, a révélé quelques spectaculaires surprises, de l'avis des restaurateurs.
"La tête est très différente de celle qu'on connaissait depuis le XVIe siècle. Il s'agit d'un agneau beaucoup plus intense, beaucoup plus expressif, qui a un contact direct avec le public, avec de grand yeux", a expliqué Hélène Dubois, cheffe de projet pour l'Irpa.
"On redécouvre l'art original des Van Eyck"
"On ignorait à quel point ce retable était recouvert par des surpeints du XVIe siècle, on redécouvre l'art original des Van Eyck", a-t-elle affirmé. Le chef d'oeuvre des frères Hubert et Jean Van Eyck, inspiré de divers épisodes bibliques, achevé en 1432, est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Sa restauration panneau par panneau --le polyptyque en comporte 24 au total-- doit porter dans un premier temps, jusque "fin 2019-début 2020", sur les deux tiers de sa surface, selon Mme Dubois.
Après sept ans de travaux, elle doit s'interrompre en 2020 pour la célébration de l'année Van Eyck et reprendra ensuite en fonction des financements publics qui auront été reçus pour soutenir le projet.