Pour ces cinquièmes paralympiades, Didier Richard veut décrocher l'or à l'épreuve du tir sportif. Passé à côté du podium jusque-là, cette fois-ci, il ne compte pas laisser passer sa chance. Il se prépare physiquement, mais aussi mentalement pour surpasser ses concurrents.
Le tir est très précis, au millimètre près. Didier Richard est d'une concentration exemplaire dans son stand de tir de Saint-Quentin. Il y a un silence de plomb pour cet entraînement. Il est inhabituel lors de compétitions. "Dans la plupart des stands, on demande aux gens de se taire pour les tireurs. Mais ce n'est pas ça le tir".
Le champion tire en musique depuis des années. Il s'habitue au bruit qu'il rencontre lors des compétitions et c'est pour la plus importante d'entre elles qu'il se prépare aujourd'hui : les Jeux paralympiques de Paris.
Objectif podium
À 59 ans, il a participé à cinq Jeux paralympiques. Pour le 10ᵉ paratireur mondial, les premières Paralympiades étaient à Athènes en 2004. "Plusieurs fois, j'ai été 7ᵉ, et même 4ᵉ. Pour finir ma carrière, ce serait bien d'avoir une médaille. Même si je ne me pose pas la question d'arrêter après les Jeux".
Pour gagner la récompense qui manque encore à son palmarès, Didier Richard a son crédo : travailler. "Je suis un acharné de travail. Parfois mes coachs me demandent même de ralentir." C'est cette persévérance qui lui a permis de décrocher une médaille d'or aux championnats d'Europe de 2018. Il est aussi deux fois vice-champion du monde.
À peine plus d'un mois avant sa première épreuve, il entame la dernière ligne droite : "je fais des sessions courtes, histoire de me maintenir au niveau". L'essentiel pour lui, c'est d'être efficace. "Le tir, c'est aussi du mental et le mental fait beaucoup de dégâts", assure-t-il.
Savoir décrocher pour rester concentré au bon moment
De retour chez lui, le moment est venu de ralentir la cadence pour décompresser : "C'est dur d'être concentré tout le temps. Il faut des temps calmes et moi, je les trouve en faisant du quad ou en faisant un tour dans mon jardin", raconte-t-il en arpentant son jardin muni de sa béquille.
Conscient de ses faiblesses, le sportif sait tirer profit de ses qualités. Amputé d'une jambe depuis 1984, il tire depuis un fauteuil. "Je ne suis pas très stable. Il y a des gens bien plus stables que moi, mais ils ne seront pas meilleurs que moi parce que j'ai une très bonne coordination", confie-t-il, accoudé à un arbre.
C'est en se concentrant sur ce qu'il pouvait encore faire plutôt que sur ses difficultés que ce professionnel du tir a avancé dans la vie. "Il faut savoir progresser avec ses propres problèmes. Il faut travailler, travailler, travailler pour fortifier les points faibles que j'ai.", martèle-t-il.
Amoureux du sport de longue date
Hyperactif ; après son accident de moto, le touche-à-tout s'est d'abord tourné vers le handibasket. Il a même été sélectionné à deux reprises par l'équipe de France. "Ça ne me correspondait pas trop même si j'adorais ce sport. J'aimais bien jouer comme ça quoi...". C'est finalement vers le tir qu'il s'est tourné.
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Didier Richard a toujours fait du tir sportif : "Quand on était petits, c'étaient soit les jeux de cartes, soit le tir dans le garage avec mon père. On a toujours eu des petites carabines à plomb et ça m'a toujours plu". Déterminé à convertir cette passion d'enfance en médaille d'or, il tirera pour la première fois de ces Jeux le 30 août à Châteauroux.
Avec Ambre Croset / FTV