Le médecin qui a pratiqué l'autopsie de Clément Méric, étudiant antifasciste tué lors d'une rixe avec des skinheads en 2013 à Paris, a déclaré aux assises ne pas pouvoir conclure à l'usage d'un poing américain, jeudi 6 septembre lors du 3e jour de procès. C'est l'une des questions clés au procès.
"Je n'ai pas la possibilité d'affirmer l'utilisation d'un poing américain. C'est un objet métallique lourd, cela aurait entraîné des fractures des os propres du
nez, des pommettes, de la zone temporale", a déclaré le médecin légiste devant la cour d'assises de Paris.
Pendant l'enquête, ses conclusions ont été contestées par d'autres experts et par l'accusation. Les juges d'instruction ont choisi de renvoyer devant les assises trois skinhead, dont deux pour des coups mortels portés en réunion et avec arme. Des coups portés à l'aide d'un poing américain et/ou de volumineuses bagues. Un crime passible de 20 ans de réclusion - 15 ans si on exclut l'arme.
"J'ai disséqué, j'ai regardé"
Le légiste est donc assailli de questions. Il décrit par le menu chaque "plaie", "contusion" et "griffure" constatée sur le visage enfantin de Clément Méric. Le jeune homme avait 18 ans, 66 kg pour 1,80 m. "J'ai fait une dissection complète de l'arrête nasale et je n'ai pas constaté de fractures. S'il y avait eu une fracture du nez, on l'aurait vu à la radio, on ne voit rien", a-t-il expliqué.À une partie civile qui suggère la possibilité d'une erreur - une autre expertise a conclu à l'existence d'une fracture - le médecin agacé répond: "J'ai disséqué, j'ai regardé. Je ne changerai pas aujourd'hui mes conclusions". "Un coup de poing américain, c'est un objet métallique - excusez-moi - qui défonce," a-t-il ajouté.
L'usage de bagues n'est pas exclu
L'avocat générale demande alors à l'expert si les blessure, notamment une plaie de 2 cm sur l'aile du nez, peuvent avoir été causées à mains nues. C'est possible, pour le médecin : "La peau étant fine, elle éclate et donne cette plaie". Il n'exclut toutefois pas l'utilisation de bagues.Rien qui vienne conforter l'accusation: le principal accusé, Esteban Morillo, a reconnu avoir porté deux coups, à mains nues, à Clément Méric, dont le coup qui le fait s'écrouler sur la chaussée. Samuel Dufour avait des bagues mais affirme n'avoir jamais frappé Méric, et personne ne l'a vu frapper l'étudiant.
D'autres experts seront entendus sur ces points dans les prochains jours. Le verdict est attendu le 14 septembre.