Quatre mois après la tempête qui a touché le sud de l'Aisne en juin dernier, certaines toitures de maison sont toujours éventrées. À cause de la pénurie de main d'œuvre dans le bâtiment, certaines réparations ne seront faites que l'an prochain. Une situation intenable à l'approche de l'hiver.
À Chézy-sur-Marne, quatre mois après la tempête qui a ravagé la commune en juin dernier, les toits de certaines maisons sont toujours sinistrés. Chez Armelle Bouaziz, une habitante, c'est une bâche qui sert désormais de toiture. Une simple visite de la maison suffit pour comprendre l'ampleur des dégâts. "Je vais vous montrer ma chambre, indique-t-elle. L'eau s'est infiltrée dans le plafond et une nuit je me suis retrouvée avec une grosse bulle au-dessus de moi qui s'est percée, je me suis pris toute l'eau sur moi."
"On va passer un triste Noël"
À Reuilly-Sauvigny, une commune voisine, une autre habitante vit un véritable calvaire depuis les intempéries de juin dernier. "On avait déjà des soucis avec la maison, un mur menace de s'effrondrer et donc du coup à cause de ce mur, on ne peut pas refaire le toit", déplore Carole Agnus. Après avoir contacté son assurance, fait appel à un expert, fourni les attestations nécessaires, le dossier n'avance toujours pas. "Notre petit bonhomme de 11 ans a perdu toutes ses affaires dans sa chambre et il dort maintenant dans le salon. C'est vraiment difficile pour nous, parce qu'on se dit qu'on va passer un triste Noël..."
Si Carole est prête à financer elle-même les réparations, les délais sont aujourd'hui de toute façon beaucoup trop longs. "Ce n'est pas avant mars, les réparateurs sont complètement débordés", se désole-t-elle. Même délais pour Armelle qui ne verra pas de couvreur avant le printemps prochain. "C'est un peu stressant, mais qu'est-ce que vous voulez, on a pas vraiment le choix..."
Attirer de la main d'œuvre
Ces délais interminables pour les sinistrés sont dus à une pénurie inédite de matériaux et main d'œuvre dans le bâtiment. Alors, mercredi 13 octobre, les acteurs locaux du secteur ont organisé des rencontres entre patrons d'entreprises et demandeurs d'emploi.
Une job dating pour tenter d'attirer de futurs ouvriers. "Je cherche des personnes qualifiées, ou qu'il est possible de former, pour pouvoir d'étoffer nos équipes parce qu'on est un peu débordés et ce n'est vraiment pas simple de recruter", confie Marc Courtois, gérant d'une entreprise de bâtiment.
Même si cette initiative ne répondra pas à l'urgence de la situation, elle permet d'anticiper les besoins à l'avenir. "Avant les intempéries du mois de juin, c'était déjà des métiers où il y avait une recrudescence de main d'œuvre", indique José Faucheux, président de la CAPEB de l'Aisne. Depuis le mois d'août, plus de 50% des toitures abîmées par les intempéries dans le sud de l'Aisne ont été réparées ou sont en cours de rénovation. "Ce n'est peut-être pas suffisant, je sais que ce n'est pas facile pour ceux qui le vivent tous les jours, mais il faut prendre son mal en patience", assure-t-il.