Manipuler un faucon ou une buse ne s'improvise pas. Des sapeurs-pompiers de l'Aisne ont suivi une formation à la fauconnerie du château de Château-Thierry, lundi 23 septembre, afin d'apprendre à capturer, en toute sécurité et avec soin, les différentes espèces de rapaces. Un enseignement "nécessaire" en raison de la prolifération de ces nouveaux animaux de compagnie chez les particuliers.
''Impressionnant !" En un mot, Maxime Baillargeant, caporal-chef au centre de secours de Saint-Quentin (Aisne), a résumé son expérience. Le sapeur-pompier vient tout juste d'être initié à la manipulation d'un hibou grand duc dans une des volières de la fauconnerie du château de Château-Thierry. "Ce n'est pas un animal qu'on a l'habitude de voir, ni de tenir tous les jours", appuie celui qui explique avoir ressenti la "pression très forte de la patte" du rapace nocturne venue s'enrouler autour de sa main.
Dans une autre volière, un de ses collègues apprend à immobiliser et tenir correctement une buse entre ses bras.
De plus en plus de NAC chez les particuliers
En ce lundi 23 septembre 2024, les sapeurs-pompiers membres de l'unité "risques animaliers" de l'Aisne suivent une formation pour apprendre à capturer ces rapaces dans le respect du bien-être animal. Une "chouette expérience" pour Benoît Orzekowska, sergent-chef au centre de secours de Saint-Quentin.
L'opération devient de plus en plus courante pour les pompiers. "C'est une formation nécessaire parce qu'on a de plus en plus d'animaux exotiques au niveau des particuliers. [...] Les pompiers sont amenés à intervenir sur pas mal d'espèces qu'ils ne connaissent pas et qu'on ne rencontrerait pas aujourd'hui dans le milieu naturel de base", explique Mélissa Michaux, soigneuse animalière et fauconnière au château de Château-Thierry.
Les rapaces peuvent s'échapper de zoos, être saisis ou s'enfuir de chez des particuliers, car ils font partie des nouveaux animaux de compagnie (NAC). Ils peuvent ainsi se retrouver dans la nature, loin de leur habitat d'origine. En s'installant, ils risquent de bouleverser la biodiversité locale, peuvent se blesser et être dangereux pour les humains. Ils doivent donc être manipulés avec le plus grand soin, afin que ni l'animal ni le pompier ne se blesse, et être mis en sécurité le plus rapidement possible.
On se retrouve confrontés à des espèces qu'on ne devrait pas rencontrer sur notre territoire et sur lesquelles on est un petit peu démunis.
Sylvain Lefevre, lieutenant au centre de secours de Laon
"Au niveau national, nos collègues sont confrontés de plus en plus à des espèces exotiques qui sont détenues légalement dans certains cas, mais aussi beaucoup de manière illégale avec le marché noir. Et on se retrouve confrontés à des espèces qu'on ne devrait pas rencontrer sur notre territoire et sur lesquelles on est un petit peu démunis parce qu'on n'a pas forcément le matériel adapté ou pas les connaissances sur toutes les espèces qu'on peut rencontrer", détaille Sylvain Lefevre, lieutenant au centre de secours de Laon et référent départemental de l'unité "risques animaliers" de l'Aisne.
Créée en 2023, cette spécialité compte 28 sauveteurs animaliers, toutes et tous sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires. Depuis le début de l'année, un peu plus de 40 interventions ont déjà été menées dans le département.
"Il faut toujours attraper les pattes en premier"
Vautour, aigle royal, buse, faucon… Les soigneurs de la fauconnerie transmettent leurs connaissances théoriques sur les particularités des différentes espèces de rapaces, leurs modes et milieux de vie, les menaces qui pèsent sur eux ou encore sur la prévention des maladies transmissibles à l'homme ou à d'autres animaux.
La soigneuse montre l'exemple en manipulant une buse originaire d'Afrique du Sud, qu'on ne croise pas normalement dans la région, mais dont la morphologie est similaire aux autres buses. "Le plus dangereux, ça va être les serres, les griffes. Il faut toujours attraper les pattes en premier. Le bec reste puissant, mais beaucoup moins dangereux que les pattes", prévient Mélissa Michaux.
Dans la faune locale isarienne, on retrouve surtout de petits rapaces comme des buses et des petits faucons, que l'on retrouve souvent sur le bord des routes. "Celui qui est vraiment dangereux, c'est le casoar à casque bleu. Jamais, jamais, vous n'approchez ça de face !", prévient un soigneur.
Alors que l'on comptait entre 5 et 10 millions de NAC dans les foyers français en 2023, la SPA note dans son bilan de l'année 2023 une augmentation constante de l'abandon de ces animaux (+6% par rapport à 2022).
Avec Gabin Cransac / FTV