Pour mieux appliquer le protocole sanitaire imposé par l'Education nationale, le lycée public de Chauny a mis en place une alternance entre présence dans l'établissement et travail à la maison pour les élèves.
"On ne l'a pas fait de gaieté de cœur", admet Bertrand Pedoux, proviseur des lycées publics de Chauny, "mais vu la taille de l'établissement, il y avait trop de brassage des élèves dans les couloirs ou la restauration scolaire."
Avec des filières générales, technologiques, professionnelles, universitaires, et des formations continues, les lycées publics de Chauny accueillent en effet plus de 2 000 élèves. Difficile d'y faire appliquer parfaitement le protocole sanitaire renforcé imposé par le ministère de l'Éducation nationale.
Décision collégiale
En conseil d'administration, les équipes pédagogiques, ainsi que les représentants des élèves et des parents, ont donc décidé d'instaurer un système d'alternance de la présence au sein de l'établissement pour les quelque 1000 élèves du lycée général et technologique. Les élèves des filières professionnelles, "plus fragiles lors du premier confinement et de toute façon moins nombreux en atelier", ne seront pas concernés.Le projet a été validé par le rectorat d'Amiens, et mis en place dés ce jeudi 5 novembre, trois jours après la rentrée des vacances scolaires.
Les classes en question ont donc été divisées en groupes, qui seront présent trois jours sur une semaine, et deux jours la semaine suivante. "Et dans quinze jours, on fait le point", explique le proviseur. "On demandera un retour aux équipes ainsi qu'aux élèves, et on verra s'il faut faire des changements, s'il y a des choses à affiner." Tout en suivant les consignes nationales qui pourraient évoluer d'ici là.
Continuer l'accompagnement des élèves
Le plus important pour Bertrand Pedoux ? "Il faut faire en sorte que les élèves ne soient surtout pas pénalisés par ce fonctionnement." C'est d'ailleurs ce qui a motivé le choix du rythme trois jours / deux jours : alterner une semaine sur deux pourrait créer une rupture trop importante. Les enseignants devront donc adapter leur façon de travailler pour éviter tout risque de décrochage ou de créer des inégalités entre les élèves. "Il y a un engagement fort de la part des enseignants", assure le proviseur.« On est disponibles pour répondre à toutes leurs questions, par mail, ou même par téléphone si c'est nécessaire, »
"On a du reconstruire nos cours un peu différemment", confirme Jessica Campain, enseignante en économie-gestion et membre du conseil d'administration. "Par exemple, aujourd'hui, j'ai envoyé une fiche de travail aux élèves que je retrouverai jeudi prochain. On leur donne des exercices, ils ont plus à faire à la maison, et on corrigera à leur retour, je leur expliquerai certaines notions, etc. (...) Et surtout, on est disponibles pour répondre à toutes leurs questions, par mail, ou même par téléphone si c'est nécessaire." Certains cours se feront également en visio, à l'appréciation des enseignants.
Et pour ceux qui n'ont pas le matériel nécessaire pour travailler en toute sérénité, l'établissement prête des ordinateurs. "Les professeurs principaux ont fait le point avec leurs classes pour identifier qui avait des besoins, comme on l'avait fait au confinement du printemps, et à la rentrée de septembre." Car l'équipe pédagogique se prépare à l'éventualité d'un enseignement "en mode dégradé" depuis plusieurs semaines déjà. "On avait anticipé, on faisait des réunions régulièrement, c'est ce qui nous a permis de réagir vite."
Déjà des effets visibles
Il n'aura fallu qu'une matinée pour que les effets de ce nouveau rythme se fassent sentir. "Le changement est radical !", se réjouit l'enseignante. "En cours, ils sont un par table, ce qui était impossible jusqu'ici puisqu'on a des effectifs autour de 35 élèves par classe. Et dans les espaces communs, comme les couloirs, on peut enfin respecter les sens de circulation." Idem pour la restauration scolaire et sa file d'attente qui s'allongeait rapidement."Le seul souhait de l'équipe, c'est de ne pas en arriver à fermer totalement, on veut au moins pouvoir rester dans cette configuration", assure Jessica Campain. "On ne veut pas retourner à la situation du confinement du printemps, où on n'avait pas le contact visuel et physique avec nos élèves."
"J'essaye de voir le positif"
Il pourrait même y avoir certains bénéfices à ce nouveau rythme, notamment pour les élèves les plus âgés. "J'essaye de voir le positif, je me dis que pour les terminales, c'est un peu une préparation à ce qui les attend post-bac", explique le proviseur. "C'est une manière d'apprendre à travailler en autonomie."Le fait d'être en petit groupe pourrait également faciliter la compréhension. "C'est un souhait depuis très longtemps d'avoir des effectifs plus réduits en classe pour les enseignants", rappelle Jessica Campain. "On pourra faire plus de suivi individuel, c'est certain. Même si on n'avancera pas dans le programme au rythme habituel, on sait qu'on pourra mieux les accompagner, mieux les aider. Et mes collègues qui enseignent les langues se disent qu'en demi-groupe, ils seront obligés de participer, de s'impliquer, puisqu'ils ne pourront plus se cacher derrière les autres !"
Il faudra en tout cas une quinzaine de jours pour estimer l'efficacité de ce système, qui séduit de plus en plus d'établissements, et notamment des lycées. Le rectorat nous a confirmé que plusieurs demandes en ce sens leur avaient été formulées. Le recteur étudiera les projets des établissements pour les autoriser ou non à mettre en place ce nouveau rythme.