Le parquet de Saint-Quentin, dans l’Aisne, a ouvert une enquête pour "vol" de données confidentielles à la suite d'une plainte déposée en mai par la direction du groupe sucrier Tereos, secouée depuis plusieurs mois par une crise de gouvernance.
Nouveau rebondissement au sein la coopérative Tereos. Selon une source judiciaire, le parquet de Saint-Quentin, dans l’Aisne, a ouvert une enquête pour "vol" de données confidentielles. Interrogée par l'AFP, la procureure de la République Laure Camus, précise qu'il s'agit d'une enquête préliminaire ouverte en mai après la plainte déposée pour "vol" de données au sein de l'entreprise, qui ont été utilisées et diffusées selon la direction pour "déstabiliser" le groupe (marque Béghin Say).
La plainte fait état de "lettres anonymes" envoyées à partir de janvier 2018 à une liste d'adresses mails non publique de 150 administrateurs de l'entreprise, qui a son siège social dans l’Aisne. Ces messages avanceraient de "supposées graves difficultés financières" du groupe, dont la responsabilité serait imputée à la direction.L'enquête a été confiée à la brigade de recherches de Saint-Quentin et à la région de gendarmerie des Hauts-de-France.
Tereos en eaux troubles
Depuis plusieurs mois, Tereos, une union de coopératives devenue au printemps dernier une coopérative unique, subit les soubresauts d'une profonde crise de gouvernance. Fin juillet, 70 élus (sur 172), représentant 7.500 des 12.000 coopérateurs et cinq usines sucrières du Nord, ont démissionné en bloc pour dénoncer une "gouvernance défaillante" et demander plus de transparence sur la gestion, mettant en cause notamment l'absence de résultat de la diversification internationale du groupe.
Cette crise s'est traduite par l'exclusion de trois coopérateurs historiques, qui contestaient la gestion et l'absence de transparence dans la gouvernance du premier sucrier français. Le groupe Tereos est gouverné par une structure à deux têtes: un conseil de surveillance dirigé par François Leroux et un directoire présidé par Alexis Duval.
La direction a annoncé cette semaine l'ouverture d'une médiation avec eux et a avancé la date des élections à décembre 2018 au lieu de juin 2019 pour désigner les représentants des coopérateurs au sein des instances de pilotage.La médiation sera pilotée par Henri Nallet, ancien ministre de l'Agriculture et président du Haut conseil de la coopération agricole (HCCA).
Vendredi 7 septembre, Coop de France qui chapeaute toutes les coopératives agricoles en France s'est félicitée de cette médiation en soulignant qu'il revient "aux agriculteurs-coopérateurs, propriétaires de leur entreprise et seuls souverains, de prendre les décisions relatives à la stratégie et à la gestion de leur entreprise, dans le cadre de leurs organismes statutaires de référence".