Le nombre de distributeurs automatiques de billets recule régulièrement en France, selon un récent rapport de la Banque de France. C'est le cas dans l'Aisne où La Banque Postale vient d'annoncer des fermetures dans plusieurs communes. Les raisons sont le coût par rapport à la fréquentation en baisse de ces derniers. Des décisions qui se sont prises sans discussion avec les élus.
La nouvelle est tombée dans leur boîte mail, "sans aucun signe précurseur", déplore Jean-Marc Pine, le Maire (SE) de Vervins, dans l'Aisne. Comme d'autres villages, la Banque Postale a annoncé la fermeture prochaine de son distributeur automatique de billets (DAB). Une annonce arrivée de manière "vraiment brutale". D'habitude, "on a quand même des gens qui prennent la précaution de nous rencontrer pour nous expliquer comment les choses vont évoluer. Là, il n’y a rien eu du tout."
Cette décision est non conforme à son rôle, dénonce l'élu. "Elle avait quand même une mission de service public cette banque. On voit bien que ses clients ne sont pas les mêmes que les autres. Aujourd’hui, sa réaction, c’est une réaction comme n’importe quel autre banquier et ça nous étonne d’une manière générale." Par ailleurs, il rappelle que "La Banque Postale a créé des comités départementaux" dans lesquels se trouvent des élus, preuve pour lui de la particularité de cet établissement bancaire.
Il y a encore des personnes qui tirent de l’argent à la semaine pour pouvoir faire leurs comptes.
Bertrand JonneauxMaire (S.E.) de Crécy-sur-Serre
À 30 kilomètres, dans un autre village, à Crécy-sur-Serre, Bertrand Jonneaux (SE), le maire, a également appris la disparition du distributeur de la Banque Postale par mail. Selon la Poste, la machine enregistre seulement 1 535 opérations sur un an. Trop peu. "Je suis un peu étonné parce qu’ils nous annoncent des chiffres. On est quand même dans un milieu rural où il y a encore des personnes qui tirent de l’argent à la semaine pour pouvoir faire leurs comptes, ne pas dépenser plus ni moins."
La fin de service ne réjouit pas ses utilisateurs, comme Colette. "Ce n’est pas normal, un pays comme Crécy. On a besoin d’argent. Tout marche maintenant avec la carte. Dans nos campagnes, ça commence à devenir un petit peu critique."
La banque justifie cette décision par les changements d'habitudes et du matériel ancien
S’il restera un autre distributeur dans la commune et le guichet postal, pour l’élu l’impact risque d’être important pour la population et le commerce. De son côté, Colette pointe le fait de devoir payer des frais en allant chercher de l'argent dans un DAB d'une autre banque.
À Vervins, 4 autres distributeurs seront encore présents, mais le maire espère "ne pas recevoir dans quinze jours un mail d’autres établissements bancaires pour annoncer la même chose. Car là effectivement ça poserait des problèmes" au niveau des commerces.
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De son côté, l'établissement bancaire met en avant la baisse de l'utilisation, mais aussi des raisons matérielles. "En plus des éléments liés à la conjoncture et aux changements d’habitudes, l’obsolescence est également un élément important dans la prise de décision. En effet, certains DAB ne sont plus compatibles avec les nouvelles mises à jour des logiciels, ou sont victimes de la pénurie de pièces détachées."
En France, en 2023, le nombre de distributeurs a baissé de 4,6 %. Dans l’Aisne, les élus concernés entendent ne pas en rester là et comptent bien avoir des explications physiques et orales.
