En réponse aux violences, 13 policiers affectés en renfort à Château-Thierry : "une arrivée aussi massive, je n'ai jamais connu ça"

Depuis lundi 7 février 2022, 13 nouveaux policiers sont arrivés au commissariat de Château-Thierry. Un renfort salué dans cette ville où l'effectif était en déficit depuis des années et où les violences se sont multipliées ces dernières semaines.

Ils sont 13, venus de différentes régions. 3 sont originaires de l'Aisne. Sortis d'école, de nouveaux policiers ont pris leur service depuis lundi 7 février au commissariat de Château-Thierry. C'est là désormais qu'ils sont affectés.

L'envoi de ces policiers supplémentaires avait été annoncé en avril dernier. En septembre, 5 de leurs collègues étaient déjà arrivés sur place, ce qui porte à 18 le nombre de nouveaux fonctionnaires dans la ville du sud de l'Aisne. 

Désormais, le commissariat peut compter sur 71 personnels (administratifs compris). Un niveau qu'il n'avait pas connu depuis des années. L'effectif local connaissait en effet, de longue date, un déficit chronique faute notamment de remplacement des personnels en arrêt.

La conséquence pour les policiers était une charge de travail importante. "Vu l'activité que nous avons eue en 2021, nous étions sur le pont tout le temps. Nous avons fait un boulot de dingue", raconte le major Stéphanie Lanoux, représentante locale du syndicat Alliance. Elle se réjouit de ce renfort accueilli avec soulagement : . Ce n'était pas dans les tuyaux. Nous l'avons su mi-décembre. Nous étions en manque, c'est clair".

Car les violences ont été plus nombreuses en ce début d'année. À 4 reprises, fin décembre et début janvier, des tirs de mortiers d'artifices ont été dirigés contre le commissariat. Dans la même période, le 6 janvier, Anthony, jeune homme de 22 ans, était abattu à bout portant dans un bar de la ville. 

Un effet immédiat sur les conditions de travail

Le nouvel effectif va permettre d'ajouter immédiatement du personnel en uniforme sur le terrain et de réactiver certaines équipes du commissariat. "La moitié était déjà policier-adjoint. Ils ont déjà une expérience du monde de la police. Nous allons pouvoir occuper le terrain. Nous allons travailler plus en sécurité", analyse le major Lanoux.

Jusqu'ici, il fallait appeler des renforts du département en cas d'événement important. Cette arrivée devrait aussi permettre de modifier le planning de travail des policiers de voie publique dès lundi 14 février, permettant de leur offrir davantage de repos. "Nous avons de la place, nous avons l'infrastructure. il faut que le matériel suive. L'objectif maintenant est de conserver ce niveau d'effectif en cas de départ", estime la représentante syndicale. 

Un engagement politique de Gérald Darmanin

Si les coulisses de la décision ne sont pas connues, dans un communiqué de presse, le député de la circonscription, Jacques Krabal, membre de la majorité présidentielle : a remercié le ministre de l'Intérieur d'avoir tenu son engagement : "Comme élu national et avocat de ma circonscription, je ne peux que m’en réjouir ! [...]  ce renfort de 18 policiers au commissariat de Château-Thierry constitue une excellente nouvelle pour notre territoire ! Je veux donc témoigner, au nom de nombreux habitants, de ma vive reconnaissance à l’État [...) Ne nous y trompons pas. Ces nominations procèdent d’une volonté politique importante", écrit le député LREM. Il invite par ailleurs le ministre à venir sur place, mais rappelle aussi que cette arrivée succède à une série de violences ayant touché la cité castelle ces dernières semaines.

Dans ce contexte sécuritaire, ce renfort tombe donc particulièrement bien. Ce jeudi 10 février, le maire de la ville, Sébastien Eugène (MRSL), a organisé spécialement une cérémonie pour accueillir les nouveaux fonctionnaires. "Il me semblait important d'accueillir les policiers nationaux et d'exprimer notre satisfaction et nos remerciements au ministre", explique l'élu.

"Cela répond à un besoin. Le commissariat avait perdu des effectifs. Il y a un seuil sous lequel vous ne pouvez pas fonctionner si vous êtes trop peu, s'il n'y a pas de présence à toute heure et tous les jours comme c'était le cas. Il y avait un vrai manque. Là ce sont des ouvertures de postes qui permettent un roulement des équipes", estime le premier magistrat qui prévoit d'adapter la convention liant les polices nationales et municipales pour tenir compte du renforcement des effectifs. Sébastien Eugène veut également porter le nombre de ses policiers municipaux de 4 à 10 agents durant son mandat.

"Le problème, c'est la réponse pénale"

De son côté Mireille Chevet, élue RN dans l'opposition municipale se montre également satisfaite de l'arrivée de policiers supplémentaires. "Je me réjouis. Nous avons eu peur de la disparition du commissariat. Il était en sous-effectif. Peu importe la raison de cette arrivée, piston ou réflexion, seul le résultat compte, mais le problème, c'est aussi la réponse pénale. Il faut qu'elle soit effective. Nous sommes proches de la région parisienne, aux confins de la Marne et de l'Ile-de-France, la criminalité s'est déplacée ici", réagit l'élue.

Château-Thierry n'est pas la seule commune à bénéficier de ces renforts policiers. La ville de Lens dans le Pas-de-Calais s'est vue attribuer 18 fonctionnaires supplémentaires dans sa circonscription de sécurité publique. Ils arriveront "d'ici la fin du mois d'avril prochain, portant le nombre de gardiens de la paix à 491".

Le président de la République s'est par ailleurs engagé à créer 10 000 postes de policiers et gendarmes en 2022.

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