Après une succession de violences, la sécurité en question à Château-Thierry

Le meurtre d'un jeune homme dans un bar de la ville et plusieurs attaques contre le commissariat de police placent la sécurité au cœur du débat local. S'agit-il d'une malheureuse conjoncture ou bien d'une dégradation plus profonde ? Les analyses divergent.

"On ne s'attend pas à de tels actes. Il faut tout de suite arrêter ça". Fabrice Poncet, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale dans l'Aisne réagit sans détour. Quatre attaques au mortier d'artifice contre le commissariat depuis décembre, des feux de voitures et, la semaine dernière, le meurtre par balles d'un jeune homme de 22 ans dans un bar de la ville. L'enchaînement de violences que connait Château-Thierry ces dernières semaines interpelle. En premier lieu, le député LREM de la circonscription Jacques Krabal. L'élu vient d'interpeller le préfet de l'Aisne et le ministre de l'Intérieur dans une lettre ouverte à ce sujet. Dans cette dernière, il évoque "la situation alarmante de la sécurité à Château-Thierry. [...] Il n’est pas possible que Château-Thierry devienne une zone de non-droit, où le grand banditisme s’exprime", poursuit le député. 

Le député demande une réunion de tous les acteurs

Jacques Krabal demande au préfet d'organiser "dans les meilleurs délais" une réunion dédiée à la sécurité de la ville. "Je souhaite que nous puissions faire le point avec tous les acteurs, élus, police, justice, bailleurs, Éducation nationale, services sociaux, pôle emploi, mission locale, etc. Cette analyse ponctuelle est nécessaire, mais nous devons également tracer un véritable plan d’action qui s’appuie sur le respect des règles mais aussi sur les mesures de prévention à développer, les suivis sociaux et éducatifs à amplifier, favoriser l’emploi, la formation des jeunes et accélérer la réhabilitation de ces lieux de vie", demande le député de la majorité.

L'analyse du maire (divers gauche) de la ville, Sébastien Eugène, est bien plus mesurée. "Il n'y a pas de dégradation, mais il faut une vigilance et ne pas sous estimer les choses", estime le premier magistrat. Pour ce dernier, "il n'y a pas de lien direct" entre les différents faits. "C'est le cumul de plusieurs types d'événements qui pose des difficultés. Les attaques sont liées au fait que la police peut déranger certains. Comme partout, il y a une problématique de trafics de stupéfiants. Nous avons des réseaux illégaux, mais Château-Thierry n'est pas une plaque tournante", analyse-t-il.

La gare porte d'entrée de la délinquance

Quant à un lien éventuel avec le nouvel essor démographique de sa ville (la cité castelle a gagné plus de 1 000 habitants entre 2013 et 2019, selon les derniers chiffres de l'INSEE). Il n'est pas pertinent pour le maire. "Les violences impliquent des natifs de Château Thierry", selon lui. Pour autant, l'élu se dit "préoccupé par deux choses : les trafics de stupéfiants et le quartier de la gare qui est une porte d'entrée pour la délinquance. Mais ce n'est pas lié au nombre d'habitants, c'est la proximité urbaine de Paris", explique Sébastien Eugène. La gare se trouve en effet au terminus de la ligne P du Transilien et voit passer chaque jour près de 4 000 usagers.

Le maire entend néanmoins demander aux bailleurs sociaux de la ville d'améliorer leur parc de logements pour éviter des loyers trop bas qui pourraient constituer "un appel d'air" pour de nouvelles populations. Il compte également miser sur la vidéoprotection dans le quartier de la gare et rappelle la création d'une police municipale en 2019 dans sa ville qui n'en possédait pas. Il met enfin en avant une augmentation de 400% du budget consacré à la sécurité.

Du côté de la police, les chiffres de la délinquance ne montreraient pas une explosion de la situation. "Nous avons une activité importante à Château-Thierry, mais pas de recrudescence. Il n'y a pas de dégradation, mais les actions des collègues sur le terrain dérangent les petits trafiquants, ils ont mené des représailles", analyse Fabrice Poncet, le secrétaire départemental d'Alliance police nationale. "L'effet de la région parisienne se ressent à Soissons et à Château-Thierry. Les délinquants regardent la télévision et prennent exemple comme des moutons de panurge", poursuit le représentant.

"Une activité importante mais pas de dégradation"

Plusieurs interpellations se sont déjà déroulées suites aux attaques contre le commissariat et des comparutions en justice sont prévues la semaine prochaine. Les acteurs locaux de la sécurité se félicitent également de l'arrivée en cours de 15 policiers supplémentaires au sein du commissariat de la ville. Ces renforts annoncés en début d'année dernière tombent à pic dans ce contexte et devraient permettre d'accentuer l'action des forces de l'ordre.

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