À l'origine du protège-cahier en PVC, l’entreprise de fournitures scolaires Viquel face au défi de la transition écologique et numérique

L'entreprise familiale Viquel fabrique des fournitures scolaires et de bureau depuis 1949. Elle emploie plus de 120 salariés, en partie dans ses lieux de production et de stockage dans l'Aisne.

Dans les rayons des magasins, des milliers de références de fournitures scolaires se bousculent avec la rentrée des classes. Classeurs, pochettes à élastiques et trousses de toutes les couleurs se côtoient dans les rayons.

Dans le milieu, l'entreprise Viquel de fournitures scolaires et de bureau fait partie des références. Basée en Île-de-France, ses lieux de production et de stockage sont, eux, répartis sur trois sites dans l'Aisne, à Oulchy-le-Château, Grisolles et Fère-en-Tardenois.

Une entreprise qui existe depuis 1949

Cette entreprise familiale a été créée en 1949, au sortir de la guerre, par Georges Viquel et l'un de ses associés. Au départ, les ateliers sont implantés au niveau du canal Saint-Martin, à Paris. "Il était maroquinier, il a continué cette activité en réalisant des articles en cuir, mais il a aussi travaillé par la suite le skaï", raconte Vanessa Viquel, directrice générale de l'entreprise et petite-fille du fondateur. Petit à petit, l'entreprise se tourne vers le marché des produits de bureau et devient la première à fabriquer des protège-cahiers en PVC et des rouleaux pour recouvrir les livres.

Mais le grand virage a lieu dans les années 70, avec l’arrivée d'un tout autre marché : celui de la grande distribution et des fournitures scolaires. Vanessa Viquel explique "les choses ont, à ce moment-là, un peu changé. Cette entreprise, qui avait des petits ateliers, s'installe dans l'Aisne pour avoir plus de place et devient une entreprise industrielle". Les nouveaux locaux sur le site d'Oulchy sont inaugurés en 1962. Ce sont essentiellement des femmes qui y travaillent.

L'entreprise est à sa quatrième génération, avec mon grand-père qui avait plutôt un profil de fabricant, mon père plutôt commerçant, moi gestionnaire et ma sœur qui vient d'arriver, plutôt marketing.

Vanessa Viquel

Les fournitures scolaires occupent désormais une place de plus en plus importante et notamment avec l'arrivée d'une nouvelle matière qui remplace le PVC. Le polypropylène, plus rigide, plus résistant et recyclable, fabriqué dans les Hauts-de-France est le nouveau matériau phare. Classeurs, pochettes à rabat, et autres articles de classement dans de nombreuses couleurs sont proposés dans cette matière.

C'est aussi le retour de la bagagerie et de la maroquinerie, mais scolaire cette fois-ci, des trousses sont aussi fabriquées par des couturières dans l'Aisne. Dans les années 90, cette production part en Asie, "les trousses sont toujours créées chez nous, mais elles ne sont plus fabriquées dans l'Aisne, à l'inverse de tous les produits plastiques qui sont toujours produits ici", ajoute la directrice générale. Aujourd'hui, l'entreprise essaye d'équilibrer son marché entre le scolaire et les fournitures de bureau. "Le scolaire est très saisonnier, il est lié à la période de la rentrée des classes", détaille Vanessa Viquel.

Trieurs, classeurs et trousses : les nouveaux produits phares

L'ancien produit phare de la maison, le protège-cahier en PVC, ne l'est plus. La faute aux cahiers qui ont des couvertures renforcées et qui n'ont plus besoin de cette protection... Historiquement, l'autre produit le plus important vendu par Viquel était le classeur pendant de longues années. Mais les choses changent...

Aujourd'hui la part la plus importante en chiffre d'affaires c'est le trieur, c'est plus léger et plus pratique.

Vanessa Viquel

Directrice générale de l'entreprise

Le porte-vues est désormais aussi en vogue. Longtemps utilisé comme produit de bureau, il a connu une évolution récente et il est très privilégié pour les élèves de maternelles et primaire, pour éviter de perdre des feuilles en les glissant dans les pochettes.

Aujourd'hui, les produits phare de la marque française sont le trieur, le classeur et la trousse, suivie par le porte-vues. La cheffe d'entreprise ajoute : "Historiquement, Viquel commercialise le plus de trousses. On a plus de 200 trousses chaque année qu'on renouvelle. On est très connu à l'étranger aussi. Pour certains pays, Viquel, c'est la trousse". La société commercialise ses produits dans plus de 50 pays à travers le monde, majoritairement en Europe.

Transition écologique et virage numérique

L'entreprise, positionnée sur des produits de "grande consommation", doit remédier à la concurrence asiatique et ses prix tirés vers le bas. "On se différencie, il faut toujours apporter autre chose : service client, évolution du produit en lui-même, plus petite quantité de stock..."

La société, qui emploie environ 120 salariés, doit aussi faire face au virage du numérique avec la dématérialisation de fournitures scolaires ou de bureau. "Pour l'instant, la numérisation impacte le secteur des livres, plutôt que nos métiers à nous, que le scolaire. L'apprentissage passe encore beaucoup par l'écrit, atteste Vanessa Viquel. On s'y prépare, mais c'est beaucoup plus lent que dans d'autres pays."

Ce n'est pas le seul enjeu pour la société qui produit de nombreux produits en plastique dans un contexte de transition écologique. Si la matière phare, le polypropylène, peut se recycler plusieurs fois, la pratique est plus compliquée. "La difficulté de recycler cette matière, ça dépend aussi des politiques publiques mises en place", déclare la responsable. Ce recyclage se fait à une petite échelle. Depuis cette année, un écosystème de recyclage a été mis en place. Des points de collecte ont été installés dans une enseigne partenaire pour récolter les déchets de classements. Les quantités récupérées sont encore peu nombreuses, "c'est un apprentissage", commente Vanessa Viquel.

En interne, l'entreprise recycle par contre l'ensemble de ces déchets de production pour créer les produits de sa gamme Essentiel Recycle. Les déchets sont triés par couleurs et sont transformés. Depuis quinze ans, Viquel essaye aussi de trouver des matières alternatives, sans succès pour le moment. Fécule de pomme de terre ou de maïs et autres bios matière ne remplacent pas à ce jour les "atouts" du polypropylène : dur, solide, transparent et indéchirable.