Près de 755 000 élèves de l'académie de Lille retournent ce lundi 2 septembre 2024 sur les bancs de l'école, de la maternelle au lycée. Une rentrée scolaire marquée par l'incertitude politique et la mise en place de groupes de besoin au collège, qui sont loin de faire l'unanimité.
Plusieurs annonces avaient été faites pour cette rentrée 2024, mais le gouvernement démissionnaire a suspendu nombre d'entre elles. Dans les collèges néanmoins, les groupes de besoin devront obligatoirement être mis en place. C'est ce qu'a annoncé la rectrice de l'académie de Lille, Valérie Cabuil, lors de sa conférence de rentrée vendredi 30 août 2024.
"Les groupes vont se mettre en place dans tous les collèges, a-t-elle précisé, mais pas de la même manière car aucun ne se ressemble. On a décidé de laisser aux équipes pédagogiques le choix d'adapter leur mode de fonctionnement avec ces groupes de besoin, en fonction de leur réalité. Des moyens ont été alloués aux établissements pour créer ces groupes, non pas au doigt mouillé mais après une analyse de la situation de chaque collège."
#Rentrée2024 | Valérie Cabuil accompagnée des DASEN @dsden59 @dsden62 et des secrétaires généraux a tenu sa conférence de presse et présenté les enjeux et priorités de cette nouvelle année scolaire.
— Académie de Lille (@AcLille) August 30, 2024
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En aucun cas les groupes de besoin ne doivent se traduire pas des classes de niveaux.
Valérie CabuilRectrice de l'académie de Lille
Charge aux proviseurs et à leurs équipes d'analyser les résultats des élèves déjà connus, leurs évaluations depuis plusieurs années, pour se faire une idée du nombre de groupes dont l'établissement pourrait avoir besoin.
"En aucun cas, a insisté la rectrice, cela ne doit se traduire par des classes de niveaux ou un tri entre les élèves. L'idée est de résoudre des difficultés ponctuelles qu'un collégien rencontrerait dans telle ou telle discipline et ce très vite pour qu'elles ne deviennent pas des difficultés ancrées."
180 équivalents temps plein
Pour l'académie, cela représente environ 180 équivalents temps plein consacrés à la création de ces groupes, essentiellement des professeurs en français et en mathématiques. "On a eu besoin de recruter plus de professeurs, concède Valérie Cabuil, des contractuels comme tous les ans, un peu plus en français et en mathématiques mais pas tant que ça, parce que nos besoins avaient été assez bien satisfaits par les résultats au concours et le nombre de stagiaires affectés à l'académie."
Les syndicats enseignants, eux, sont sceptiques quant à la réalité de la mise en place de ces groupes. "Ils sont arrivés brutalement, sans discussion préalable, raconte Florence Delannoy, secrétaire académique adjointe du Syndicat National des Personnels de Direction de l'Education Nationale (SNPDEN) et proviseure du lycée Montebello à Lille. Il y avait de l'inquiétude car on employait le terme de groupes de compétences, donc tout le monde était réservé."
Un manque de ressources humaines
"Le nom a changé, il y a eu un peu de souplesse, mais ça reste une mesure compliquée à mettre en œuvre techniquement, dans l'emploi du temps et pour trouver les professeurs intervenants. Et plus le collège est petit, plus c'est difficile."
Certains principaux reconnaissent déjà qu'ils n'arriveront pas à mettre cette mesure en place, en particulier par manque de ressources humaines. "Il faut laisser les établissements travailler, martèle Florence Delannoy. Quand on dit que ce n'est pas techniquement possible c'est que ça ne l'est pas, quel que soit le discours politique."
Quelle magnifique définition du métier des cadres de l'EN Monsieur le Recteur @alboissinot. Ce métier n'est pas possible sans une prise de recul qui relativise et met en œuvre de façon pragmatique le discours politique, toujours un peu "planant" @snpden 😉 https://t.co/2T3EhhpG28
— Florence Delannoy (@FloDelannoy) August 30, 2024
"Aujourd'hui, nous sommes face à des contraintes budgétaires qui font qu'on finira peut-être par se rendre compte qu'on n'a pas besoin de ces groupes !, complète Nicolas Penin, secrétaire régional à l'Unsa-Education. Laissez-nous faire notre métier. Laissez faire à ceux qui ont l'habitude de prendre en charge des élèves, quels qu'ils soient, ce qu'ils savent faire."
Les syndicats restent dans l'attente de la nomination d'un gouvernement et d'un nouveau ministre de l'Education, qui devrait selon eux avoir peu d'influence sur l'année scolaire qui débute. Florence Delannoy, elle, s'inquiète du futur vote du budget de l'Éducation nationale pour la rentrée 2025. "Le discours ne suffit pas, déplore-t-elle. Il faut que les moyens suivent."
Cette année au moins, nous ne sommes pas sous l'effet de l'annonce médiatique d'un ministre qui souhaite marquer la rentrée de sa patte.
Nicolas PeninSecrétaire régional à l'Unsa-Education
Quant à Nicolas Penin, ironiquement, il se satisfait de la situation politique actuelle. "J'espère que nous aurons tous les ans une ministre démissionnaire, sourit-il, qui nous permette de travailler comme nous le devons."
"Cette année au moins, nous ne sommes pas sous l'effet de l'annonce médiatique d'un ministre qui souhaite marquer la rentrée de sa patte et nous oblige à rentrer dans un nouveau cycle qui nous était inconnu jusqu'alors. Une éducation, c'est de la cohérence et de la continuité."
En arriver à apprécier une rentrée sans ministre, en sommes-nous là ? Oui !
— Nicolas PENIN (@peninnicolas) August 21, 2024
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Un premier point sur les groupes de besoin sera fait dans les collèges au bout de dix semaines.