Allocation de rentrée scolaire : "elle laisse beaucoup de familles sur le bord de la route"

L'allocation de rentrée scolaire a été versée ce mardi 20 août dans l'Hexagone. Bien qu'elle ait été revalorisée, elle est jugée insuffisante pour certaines familles.

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Dans un supermarché de la Somme, les parents sont déjà nombreux à scruter les rayons de fournitures scolaires, listes à la main. "C’est un casse-tête de trouver les listes de fournitures à la lettre. Parfois, ils nous demandent des cahiers avec un nombre de pages qui n’existent pas ", confie une maman déjà épuisée par cette liste de rentrée qui revient chaque année. Pourtant, l'allocation de rentrée scolaire n'est arrivée sur le compte de ses bénéficiaires sélectionnés sur critères de revenus, que ce matin du 20 août. 

Face à cet incontournable moment de dépenses pour les familles à l'issue des congés d'été, plusieurs stratégies existent afin de ne pas avoir à supporter trop de dépenses de façon ponctuelle.

"On a plusieurs profils de clients", nous explique Sébastien Ruhllmann, directeur de l'Intermarché de Glisy, dans la Somme. "Maintenant, beaucoup anticipent les achats, comme pour les achats de Noël. Ils anticipent depuis plusieurs mois et il y a même une forte demande dès le début des vacances scolaires. Au moment du versement de l'allocation de rentrée scolaire, il y a un nouveau pic d'activité. On a toujours eu un gros pic au moment du versement, mais maintenant, les gens étalent de plus en plus leurs achats".

Une allocation jugée insuffisante

Pour Sébastien Bill, c'est la baisse générale du pouvoir d'achat qui demeure préoccupante. Le vice-président de l'Union régionale des associations familiales des Hauts-de-France (URAF) explique : "L'allocation a été revalorisée et c'est bien. Par contre, cette revalorisation, elle est inférieure à l'inflation. Je vous rappelle que l'inflation en 2023 était de 4,9 % et l'allocation de rentrée scolaire a été revalorisée de 4,6 %. Donc concrètement, certes, elle a été augmentée, mais l'augmentation reste inférieure à l'inflation." La baisse de panier moyen pour les fournitures scolaires est par ailleurs estimée à 1% par l'association UFC-Que Choisir. 

Le vice-président de l'URAF pointe aussi un écart trop réduit entre l'aide accordée aux enfants de primaire (439,38€) et l'aide aux lycéens, qui ne touchent que 38€ de plus, soit 454,40€. C'est peut-être conscient de cette problématique que le Conseil régional des Hauts-de-France a mis en place une allocation de rentrée scolaire spécifique aux lycéens. Les élèves de seconde touchent 100€, alors que les premières et les terminales n'en touchent que 55. Les apprentis eux, reçoivent 200€ pour leur entrée au lycée. 

"On parle des habits mais il ne faut pas non plus oublier les activités extrascolaires aussi"

"Cela ne permet pas de compenser, parce qu'avec un enfant qui rentre en première ou en terminale, on est sur des dépenses autres. Par exemple, quelqu'un qui va faire une première scientifique, il va devoir acheter une calculatrice scientifique et quand vous regardez le prix de la calculatrice scientifique que vous demandent les profs de maths... Regardez un peu les tarifs, on est aux alentours de 120 130, 140 euros et c'est quelque chose qui est obligatoire !", se désole Sébastien Bill. 

Au-delà des fournitures scolaires, c'est aussi des dépenses extrascolaires qui pèsent sur le budget des familles selon lui : "On parle des habits mais il ne faut pas non plus oublier les activités extrascolaires aussi. C'est un coût, et tout ça rentre quand même dans le pouvoir d'achat. Il n'y a pas que la rentrée scolaire. Pendant la rentrée scolaire, il y a des promotions, il y a des prix qui peuvent être parfois un petit peu plus bas. Mais, quand on a des enfants ce n'est pas qu'en septembre."

Des aides locales pour les besoins extrascolaires

Pour le périscolaire et l'extrascolaire, le département de la Somme prévoit aussi une aide de rentrée supplémentaire. Cette fois, elle se présente sous forme de chéquier. 80€ de bons sont alloués aux collégiens domiciliés dans le Somme. Ils sont dédiés au financement d'activités sportives, de sorties culturelles ou à l'achat de livres.

Ces aides départementales et régionales ne sont pas soumises à des conditions de revenus, contrairement à l'allocation nationale de rentrée scolaire. C'est le principal reproche que l'URAF adresse au Gouvernement. "En France, on constate une baisse de la natalité. Donc, je pense que ce serait bien de soutenir les familles. Seul un tiers des familles la touchent. Ce sont 2 tiers d'entre elles qui n'en bénéficient pas. Elle laisse beaucoup de familles sur le bord de la route. Les plafonds sont trop bas.", déclare Sébastien Bill avant de marteler "Nous, ce que l'on réclame, c'est un élargissement des plafonds de ressources".

Pour qu'une famille avec un enfant unique à charge touche l'allocation de rentrée scolaire, les revenus gagnés deux ans auparavant ne doivent pas dépasser 27 141 €.
Le plafond est de 33 404 € un foyer avec deux enfants. 

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