Pendant plusieurs mois, des familles picardes ont choisi d'accueillir bénévolement des lycéens venus du monde entier. L'occasion de partager des moments uniques avec des jeunes ouverts sur le monde, de découvrir d'autres cultures et de tisser des liens privilégiés. Trente-sept jeunes cherchent toujours des familles d'accueil dans toute la France pour la rentrée scolaire.
"Notre expérience n'aurait pas pu mieux se passer !" En septembre 2022, Catherine et Denis Leclere ont accueilli une jeune allemande de 17 ans, venue passer son année scolaire en France via le programme de l'association YFU France. Depuis 70 ans, cette dernière permet des échanges interculturels entre des lycéens des quatre coins du monde et des familles françaises.
Dans leur maison située en pleine campagne, à Villers-Hélon, dans l'Aisne, le couple Leclere et deux de ses enfants ont partagé pendant dix mois leur vie de famille avec Evelyn. "C'est une jeune fille très gaie et généreuse", résume Catherine Leclere. "Durant tout le mois de décembre, elle nous a préparé des surprises à la mode allemande", se souvient avec tendresse cette infirmière puéricultrice. "C'était très touchant, tous les jours, on avait un petit sac daté à ouvrir. Evelyn a passé une journée entière à cuisiner des gâteaux de Noël par exemple. Elle avait toujours de petites attentions".
Mots d'ordre : partage et échange
Les familles d'accueil proposent leur hospitalité à titre bénévole. Elles doivent fournir le gîte et le couvert au jeune pendant deux mois, un semestre ou un an, en fonction de la durée de l'échange. Les dépenses extérieures sont à la charge de l'adolescent. Mais les familles interrogées concèdent offrir avec plaisir de nombreuses sorties culturelles et sportives au lycéen accueilli.
On aime la mixité et le partage. C'est une expérience très enrichissante pour nos enfants, ça concourt à la paix. Et ça a été très riche à notre niveau de parents.
Catherine Leclere, famille d'accueil pour lycéens étrangers
Pendant un an, Evelyn a partagé leurs sorties au musée, au théâtre, a découvert la gastronomie française et s'est inscrite à l'aviron, le sport de Bertille, l'adolescente de la famille. La jeune fille a aussi participé aux évènements familiaux durant lesquels "elle a toujours été dans l'échange", pointe sa famille d'accueil.
Les liens noués entre Evelyn et la famille Leclere sont si forts que la jeune Allemande et Bertille vont participer ensemble à un programme de comédie musicale pendant trois semaines cet été. Et l'expérience a tellement plu à Catherine et Denis qu'ils se sont proposés comme "famille relai" pour une jeune Turque qui n'a pas encore de famille d'accueil pour l'année à venir. Elle séjournera deux mois chez eux, dans l'Aisne.
"La fraternité, ce n'est pas que pendant les JO, c'est tous les jours !"
Fin août, la famille Buranello accueillera, elle aussi, une jeune fille dans sa maison de ville à Amiens. Noelle, Australienne de 15 ans, va passer deux mois et demi en Picardie, dans le cadre d'un nouveau programme d'YFU.
L'association, cette famille la connaît bien. Elle a permis à un de leurs enfants, Edouard, de partir étudier en Australie pendant un an en août 2019. Depuis, il est même devenu bénévole d'YFU. Et la dernière de la famille, Anne-Charlotte, part le 16 août en Argentine pour un an d'échange. Les Buranello ont également été "famille relai" il y a deux ans pour Linda, une jeune Allemande et s'apprêtent à devenir bénévoles de l'association.
Si plus aucun des quatre enfants du couple ne vit à la maison, il reste trois chats et un poney, ce qui ravit l'Australienne qui adore les animaux. Et puis, Katia et son conjoint François lui ont prévu un programme aux petits oignons. "Noelle arrive chez nous le 31 août. Le 1er septembre, elle ne le sait pas encore, mais on a réservé des places pour les Jeux paralympiques pour aller voir un match de basket entre l'Australie et les États-Unis. Le 2, elle commence le lycée. Et nous allons aussi essayer de l'emmener en Bretagne, à Paris, et ailleurs en France", détaille Katia Buranello.
Si mes enfants ont le droit de partir, d'autres ont le droit de venir. On a vraiment envie de rendre service.
Katia Buranello, famille d'accueil pour des lycéens étrangers
Pour cette directrice d'école maternelle, accueillir un lycéen étranger est "une chance incroyable". "J'ai vécu plusieurs années à Londres quand j'étais jeune. Mes parents étaient très ouverts, on a toujours reçu des étrangers à la maison. Avec mon conjoint, on aime la diversité culturelle, tisser des liens… Le but, c'est le partage", appuie-t-elle.
Et puis, c'est aussi une façon de "rendre la pareille", souligne Katia Buranello. "Si mes enfants ont le droit de partir, d'autres ont le droit de venir. On a vraiment envie de rendre service." Son fils, Edouard, est resté très proche de ses "parents" australiens, à tel point que les deux familles s'écrivent très régulièrement depuis cinq ans et que les Australiens viennent les voir en France en août. "La fraternité, ce n'est pas que pendant les JO, c'est tous les jours !" résume Katia Buranello.
Des règles à respecter, dans le respect mutuel
Mais les deux familles préviennent : c'est une année scolaire, pas des vacances. "On est responsables de ces enfants. [...] Il y a des règles de coucher, des règles pour aller chez leurs amis, ils doivent faire leur lit, et ne pas être trop en contact avec leur pays d'origine [pour pratiquer la langue française au maximum, ndlr]", énumère Katia Buranello. L'Amiénoise conseille aussi de tout faire pour éviter les quiproquos.
Il faut bien communiquer, prendre son temps pour faire connaissance, se décentrer pour qu'il n'y ait pas de malentendus. Il ne faut pas hésiter à dire comment sont les règles ici, mais dans le respect mutuel.
Catherine Leclere, famille d'accueil pour des lycéens étrangers
"Ce sont des jeunes qui veulent vivre cette expérience à fond, c'est un beau témoignage d'ouverture. [...] mais il faut être attentif, et bien avoir conscience que ce n'est pas une démarche facile de leur part. Cela demande donc de la patience, de l'attention et de la délicatesse", abonde Catherine Leclere.
En septembre 2024, 93 lycéens du monde entier participent aux divers programmes d'YFU France. Mais, en ce début du mois d'août, 37 d'entre eux sont toujours à la recherche d'une famille d'accueil sur le territoire. Pour accueillir un jeune, aucun critère particulier n'est exigé, si ce n'est d'avoir un casier judiciaire vierge. Dans la mesure du possible, le jeune doit aussi avoir sa propre chambre avec un bureau pour pouvoir travailler dans de bonens conditions. Pour postuler, il suffit de suivre les étapes données par le site Internet de l'association.