JO de Paris 2024 : à 90 ans, Madeleine, ancienne arbitre internationale de natation artistique, réalise son rêve d’assister aux Jeux en France

Plus sur le thème :

Après plus de cinquante ans autour des bassins, celle qui a arbitré quatre fois les Jeux olympiques pour la natation artistique, se rendra à Paris en tant que spectatrice. Instauratrice du sport en France : retour sur son prestigieux parcours.

Pour les 50 ans du club de natation synchronisée de Soissons qu'elle a créé, nous avions rencontré Madeleine Bernavon, dite Mado. "Mon Dieu, qu'il me prête vie jusqu'en 2024, j'aimerais bien voir les Jeux à Paris quand même", nous confiait-elle, il y a cinq ans.  

C'est un vœu (presque) exaucé ! À 90 ans, elle se prépare à vivre ses cinquièmes Jeux olympiques. Cette fois, ce sera depuis les gradins. Bien qu'elle ait raccroché sa casquette d'arbitre international, la nonagénaire a toujours un œil sur les nageuses de son club qu'elle surnomme affectueusement "ses filles". Cela fait seulement cinq ans qu'elle a arrêté de les entrainer. 

La natation artistique : un hasard du destin 

Mado n'est pas nageuse. D'ailleurs, ce sport, elle ne l'a jamais pratiqué. Pourtant, cela fait plus de 50 ans qu'elle dédie son temps libre à la natation artistique. Et elle est toujours aussi passionnée. À sa voix, on perçoit son large sourire lorsqu'elle lance : "On croirait que c'est facile, mais essayez un petit peu. Vous verrez. Ça demande beaucoup de qualités : de nageuse, de gymnaste, d'acrobate et de musique aussi !".

C'est par hasard que l'ancienne arbitre s'est passionnée pour la discipline. Avec une certaine émotion, elle raconte comment la vie la poussée à fonder le club de Soissons : "J'ai fait beaucoup de gymnastique et de la danse. J'étais monitrice de gymnastique et en épousant mon mari, j'ai épousé la natation. Pendant 13 ans, j'ai entraîné la natation course."

De cette rencontre interdisciplinaire et grâce au film Le bal des sirènes qu'ils ont vu ensemble, le couple a créé l'une des premières équipes de natation synchronisée en France. À l'époque, le sport était méconnu dans l'hexagone.

Devenir arbitre olympique 

Sa carrière d'arbitre en a découlé simplement. Après avoir tenu le rôle de juge-arbitre pendant plusieurs années pour la natation course, c'est naturellement que la fédération locale naissante, de sa variante synchronisée, s'est tournée vers elle. Elle avait l'atout d'être doublement expérimentée, dans la natation et dans la gymnastique. 

"Je n'ai jamais eu pour ambition d'arbitrer les Jeux olympiques", raconte humblement Mado. Pourtant, la fédération locale a proposé son nom à la fédération nationale. Puis, en 1984, la fédération nationale l'a proposé, à son tour, au Comité olympique qui l'a accepté. 

Aux Jeux de Los Angeles, alors que la natation synchronisée faisait son entrée dans les disciplines olympiques, Madeleine Bernavon entamait, elle aussi, sans le savoir, une carrière olympique. 

Ses premiers jeux en 1984, il y a 40 ans

Après Los Angeles, est venu Séoul en 1984. Madeleine avait 50 ans et elle s'en souvient comme si c'était hier. "C'était un pays que je ne connaissais pas. La Corée du Sud venait de s'ouvrir à l'Occident. Il y avait un choc des cultures automatiquement. Et puis, la ville était un mélange de temples, des coutumes ancestrales et de la modernité des grandes métropoles."

Des arbitrages internationaux, la Soissonnaise en a fait d'autres ensuite. Mais, ceux qui l'ont le plus marqué, ce sont les Jeux de Sydney en 2000 : ces derniers Jeux. Elle en garde "un souvenir bien particulier, un souvenir formidable".

"Le duo français, c'était une Axonaise : Myriam Mignot de Laon, avec Virginie Dedieu, triple championne du monde. Et puis, elles étaient entraînées par Odile Petit, formée au club de Soissons. Odile a fait les Jeux olympiques en 1984 à Los Angeles puis, elle est passée entraineur national. Ce duo, il a été médaillé de bronze !" Finalement, c'était un peu son club qui était récompensé. 

Une nouvelle édition qui suscite pleins d'espoirs

Pour chaque nouvelle édition, Mado souhaite un peu plus de reconnaissance de son sport. Celle qui a voué sa vie à développer la natation synchronisée en France, trouve que la discipline n'est pas assez mise en valeur. Elle ironise : "On ne peut pas faire de publicité sur nos beaux maillots à paillettes. Ce n'est pas possible ! Donc, on a du mal à trouver des sponsors, même dans nos petits clubs."

Pour les Jeux de Paris, la doyenne du club de Soissons à d'autres espoirs. Elle aimerait qu'ils soient fédérateurs pour les Français : "Rien qu'au passage de la flamme, j'ai vu une ferveur, j'ai vu un enthousiasme, j'ai vu la joie, j'ai vu les de l'espoir. Je pense qu'en ce moment, on en a trop besoin".

Le sourire aux lèvres, elle se réjouit : "On les a demandés, on les a rêvés et enfin, ils sont là." Madeleine Bernavon ira supporter les nageuses françaises le 6 août à Saint-Denis, près de Paris. Et d'ici là : "Je prie le bon Dieu pour qu'elles aient au moins une médaille", conclut-elle.

L'actualité "Sport" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité