Après trois ans de travaux, la Cité internationale de la langue française ouvrira au public en juin 2023, au château de Villers-Cotterêts, dans l'Aisne. Le Centre des Monuments nationaux (CMN) qui gère l'institution, table sur 200 000 visiteurs.
L'année 2023 marque l'aboutissement d'un des projets les plus emblématiques entrepris par le Centre des Monuments nationaux (CMN). La Cité internationale de la langue française va ouvrir ses portes au public à la fin du printemps, au terme d'un vaste chantier lancé en 2020.
Paul Rondin en prendra la direction après Valérie Senghor, directrice générale adjointe du CMN, qui assurait les fonctions de cheffe de projet.
Une renaissance
Laissé à l'abandon depuis 2014, le château a connu plusieurs vies. François 1er le fit construire sur les fondations d'une forteresse médiévale au début du XVIe siècle pour pourvoir y séjourner avec sa cour quelques jours par an et satisfaire ses plus grands plaisirs : la chasse et le jeu de paume. En 1539, l'édifice entre dans l'Histoire. François 1er y signe l'un des plus anciens textes législatifs encore en vigueur en France, il s'agit de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, connue pour avoir imposé le français dans les actes juridiques et administratifs du royaume, à la place du latin. Il faudra attendre le XXIe siècle pour qu'il retrouve ses lettres de noblesse.
À la Révolution, il est saisi comme bien national avant d'être affecté à une caserne de l'armée républicaine. Le château devient ensuite un dépôt de mendicité, puis une maison de retraite en 1889. Il perd ses derniers occupants en 2014. En 2017, la visite d'Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la République, va changer la donne. Arrivé au pouvoir, il annonce son intention d'en faire le cœur battant de la langue française.
Un parcours d'obstacles
Classé au titre des Monuments historiques depuis 1997, le château de Villers-Cotterêts bénéficie d'importants travaux de restauration, qui se sont révélés plus compliqués que prévu. "Le château était dans un état calamiteux" a rappelé Delphine Samsoen, directrice générale et présidente par intérim du CMN, lors de la conférence de presse de rentrée, jeudi 26 janvier 2023.
Après une première phase de travaux qui comprenait la restauration des façades principales et des décors patrimoniaux, l'aménagement de la cour du jeu de Paume a été entrepris, avec la pose d'une verrière et son ciel lexical. "Cette couverture de la cour intérieure donnera une couleur de la langue française au bâtiment. Elle est très importante pour rendre le château aux Cotteréziens, souligne Delphine Samsoen. Il était fermé depuis des siècles. Il est important qu'il puisse redevenir traversant. On souhaite faire un lieu hybride, ouvert sur la ville et le territoire, d'où l'importance de ce lieu de carrefour que va être la cour du jeu de Paume".
"On veut en faire un lieu de vie"
En plus du parcours de visite permanent sur la langue française, sont mis en place actuellement la librairie-boutique, l'auditorium, les espaces pédagogiques et de formation, les ateliers de résidences et l'espace dédié aux expositions temporaires. Le parcours de visite se déploiera sur plus de 1 200 m² dans les quatre ailes du logis royal. Ce voyage interactif à travers le temps et l'espace donnera à voir et à entendre la langue française sous toutes ses formes en trois chapitres : une "langue-monde", une "invention continue" et une "affaire d'État".
"On veut en faire un lieu de vie, insiste la directrice. On a sollicité Paul Rondin pour pouvoir mettre en place une politique de programmations très variée tout au long de l'année, mais à ce stade, elles ne sont pas encore complètement abouties".
200 000 visiteurs attendus
Le centre des Monuments nationaux table sur une fréquentation de 200 000 visiteurs par an. "Je suis convaincue que ce ne sera pas dans le parcours, mais dans la cité. On sait qu'il y a une grande attente d'enseignants".
Pour accueillir ce public, il est prévu de créer un parking à l'arrière du château, mais rien à ce jour n'est encore fait. En revanche, une réflexion avec la SNCF a permis d'augmenter le nombre de trains pour venir à Villers-Cotterêts.