A l'abandon depuis plus de 10 ans, l'abbaye Saint-Vincent à Laon devrait bientôt revenir à la vie. La municipalité vient de voter son rachat. Avec pour objectif d'y installer un complexe hôtelier haut de gamme.
La délibération a été votée à la majorité avec abstention des trois élus d'opposition. Lundi soir, le conseil municipal de Laon s'est prononcé pour le rachat par la ville de l'abbaye Saint Vincent. Pour un montant de 280 000 euros hors taxes. Le tout autofinancé. Aucun prêt ne sera nécessaire pour réaliser cette opération.
Ce batiment historique entouré de 7 hectares et par un kilomètre de remparts est en frîche depuis plus de 10 ans. Située face à la cathédrale et au coeur du quartier historique de Laon, l'abbaye Saint Vincent était propriété de l'Etat qui l'a abandonnée en 1993. Vendue en 2006 à trois investisseurs privés pour 650 000 euros, elle devait faire l'objet d'une réhabilitation : appartements de standing, maisons individuelles dans le parc, hôtel de luxe.
L'appel d'air du circuit automobile de Laon Couvron
Mais la crise immobilière et un importante incendie survenu en 2008 ont eu raison du projet. Depuis, l'abbaye Saint Vincent se laissait envahir par la nature. Et plusieurs projets ont émergé sans vraiment se concrétiser.
Eric Delhaye, le maire de Laon, s'est alors emparé du dossier. Avec une idée derrière la tête. "Avec cette décision historique de racheter le monument, on peut susciter l'installation d'un complexe hôtelier haut de gamme. Ça manque beaucoup dans le secteur, explique l'élu. L'arrivée prochaine du circuit automobile de Laon Couvron suscite un regain d'intérêt des entreprises pour le Laonnois. Mais elles ont besoin de chambres d'hôtels, de salles de séminaires. On va essayer de travailler sur un projet global de valorisation du site."
Mettre toutes les chances du côté du projet
Et c'est optimiser ses chances de trouver des capitaux pour réaliser son projet que la mairie s'est associée avec l'agence Aisne Tourisme et à la communauté d'agglomération du Laonnois. Parallèlement, la municipalité a répondu à l'appel national à projets lancé par le ministère de la culture en septembre dernier "Réinventer le patrimoine" : l'opération retiendra "10 sites à valeur patrimoniale ou architecturale et soutiendra leur réhabilitation en projets hôteliers, culturels, évènementiels ou tiers-lieux à travers un fonds d’ingénierie d’un montant d’1 million d’euros.", explique le communiqué du ministère.
Un coup de pouce que ne refuserait pas Eric Delhaye : "si vous voulez des investisseurs, il faut leur proposer un dossier complet avec des études de marché, un projet architectural abouti qui prend en compte les contraintes notamment du classement du site au titre des monuments historiques. C'est indispensable pour qu'ils disent s'ils y vont ou pas. Mais le chemin sera long. Les investisseurs, il faudra aller les chercher".