Près de 1 000 caravanes sont attendues cet été, lors de quatre rassemblements évangéliques. Des évènements prévus et autorisés par la préfecture de l'Aisne, sur un seul site : l’aérodrome de Laon-Chambry. Mais l’aéroclub, qui réalise 60 % de son activité à cette saison conteste la décision.
L’aéroclub de Laon-Chambry a été informée, par hasard, de la décision de la préfecture de l'Aisne. Mi-avril, le président de l’aéroclub envoie un courrier à la mairie de Laon, gestionnaire de l’infrastructure, pour lui détailler les activités saisonnières sur l’aérodrome. Puis, c’est par un appel téléphonique que l’édile lui annonce cette décision d’autoriser quatre passages de plusieurs centaines de caravanes sur son site entre mai et septembre 2024. Un premier rassemblement évangélique de 100 caravanes est prévu du 19 au 27 mai, puis entre le 30 juin et le 7 juillet, ce seront de nouveau 100 caravanes.
L'inquiétude de l'association aéronautique
Du 14 juillet au 21 juillet, 200 caravanes devraient stationner, puis, du 22 août au 8 septembre, 600 caravanes sont prévues. À cette période, l’aéroclub a déjà prévu des entraînements de vol, des brevets de pilote, des voyages au départ du site.
Avec cette menace, nous nous inquiétons quant à la pérennité de notre association qui serait très impactée après ces multiples passages.
Mathieu Cabau, président de l’aéroclub de Laon
Cette annonce a fait l’effet d’une bombe parmi les membres de l’association. "Nous avons plusieurs projets et nous accueillons plusieurs dizaines de touristes pour découvrir le patrimoine régional depuis les airs, des baptêmes. Nous prévoyons des activités importantes, comme l’accueil d’une semaine d’entraînement à la voltige aérienne pour des compétiteurs de niveau national. Avec cette menace, nous nous inquiétons quant à la pérennité de notre association qui serait très impactée après ces multiples passages", explique Mathieu Cabau, président de l’aéroclub de Laon.
Ce club, créé en 1946, annonce avoir budgétisé 5 800 heures de vol entre juin et septembre 2024. Selon le président, un arrêt de son activité durant 15 jours, couterait 3 500 euros à l’association, soit 60 % de son activité annuelle. "Nous ne pouvons accepter l’arrivée de caravanes de la communauté des gens du voyage", insiste Mathieu Cabau, qui rappelle, dans son courrier au maire, que le site a déjà accueilli ces rassemblements. "L’aéroclub a déjà largement contribué en 2022 et 2023 lorsque la préfecture et la ville de Laon n’ont eu d’autres choix que de laisser envahir l’aérodrome. L’activité aéronautique avait été totalement fermée pendant plusieurs semaines. Les redémarrages ont été systématiquement décalés à la suite de dégradations causées par les communautés (incendie et dégradations). Fin 2023, l’aéroclub cumulait 6 500 euros de pertes en deux ans, liées aux grands passages."
À la recherche de solutions alternatives
Contactée, la préfecture de Laon n’a pas donné suite à nos sollicitations. De son côté, la mairie déplore un manque de communication. "Nous avons été informés il y a une semaine et demie qu’il y aurait quatre rassemblements par la préfecture de Laon. Nous avons reçu un mail avec quatre courriers datés de janvier et février sur l’arrivée de ces quatre passages. C’est très désagréable, il n’y a pas de transparence", exprime Sylvie Letot-Durande, première adjointe au maire de Laon.
On va tout faire pour trouver une solution et partager l’accueil avec les autres intercommunalités.
Sylvie Letot-Durande, première adjointe au maire de Laon
La municipalité travaille sur un projet d’aire de grands passages. "On avait une aire d’accueil qui a tenu deux ans. Il a été vandalisé. Les élus sont très réticents à réinvestir. C’était un investissement à 1,3 million d’euros. Nous avons une parcelle de 45 hectares où nous pourrions réserver cinq hectares pour une aire d’accueil. Mais l’étude environnementale pourrait durer un an et demi avant que nous obtenions l’autorisation", annonce Sylvie Letot-Durande.
En attendant, la mairie, qui soutient le refus de l’aéroclub, cherche une solution pour cet été. "Techniquement, à l’aéroclub, c’est dangereux. Il y a un branchement électrique qui n’est pas prévu pour 600 caravanes. Je suis en train d’organiser l’arrivée de ces évènements. On a contacté les pasteurs et on négocie pour l’accueil des gens du voyage avec les bourgs environnants. On va tout faire pour trouver une solution et partager l’accueil avec les autres intercommunalités comme Soissons, Chauny, Tergnier qui ont des aires d’accueil", ajoute la première adjointe.
Une pétition a été lancée par l’aéroclub pour "protéger l'aéro-club et son aérodrome" contre, ce que l’association considère comme une menace. Elle compte déjà plus de 3 000 signatures.
Avec Lucie Caillieret / FTV