Le transfert des installations du Poma 2000 à l'agglomération du Pays de Laon n'aura pas lieu

Le Poma 2000 de Laon a cessé d'exister en 2016. Ses 2 cabines reliaient la ville basse à la ville haute. Aujourd'hui, il a toujours ses défenseurs qui souhaitent son retour. Dernier épisode juridique, l'assocation "Agir pour le Poma" a eu gain de cause sur le transfert des installations.

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"Agir pour le Poma" est une association de Laonnois qui a vu le jour après la fermeture de ce funiculaire en 2016 qui dessert la cité médiévale depuis 1989. Ses sympathisants continuent toujours de militer pour son retour dans la ville perchée. Pour eux ce mode de transport n'est pas dépassé.

Dernier épisode juridique de ce dossier, le tribunal administratif d’Amiens devait statuer sur le transfert des installations du Poma, de sa propriété et de la dépose des câbles. L'association a eu gain de cause sur le transfert des installations à la communauté d'agglomération du Pays de Laon. Les juges ont statué en faveur "d'Agir pour le Poma".


Trois ans de combat pour défendre le funiculaire

Le Poma 2000 a cessé de circuler le 27 août 2016. Sa fermeture a été l'épilogue de quatre mois de débat sur le coût du Poma. Jugé trop coûteux, sa rénovation avait déjà suscité de vives oppositions. Le funiculaire a été remplacé par des bus (jugés polluants par les défenseurs du Poma). Son arrêt permet l'économie de 700 000 euros selon le président de l'agglomération de Laon. Le coût des travaux pour le rénover s'élèvent à 4 millions d'euros selon une étude réalisée pour le compte de l'agglomération. Une grande part des travaux aurait du être financée par les contribuables, avec une hausse des impôts de 35 %. La région et l'État ayant déjà participé à des chantiers de 3 millions d'euros. Il sera remplacé par une desserte de bus. 

Le Poma est victime de ses coûts. "Les transports publiques ne sont faits pour être rentables, ils sont là pour rendre service", estime Nicolas Dragon membre dirigeant de l'association "Agir pour le Poma". Malgré une pétition qui avait récolté 3 000 signatures à l'annonce de son arrêt, et qui demandait sa réouverture, pour la mairie le Poma coûte cher. Après plusieurs rénovations et amélioration du système, elle ne voulait plus débourser pour le maintenir en fonctionnement. 

Mais l'assocation de Nicolas Dragon ne lâche pas l'affaire, créée le 27 juin 2016, elle ne cesse de combattre pour un retour du funiculaire dans la ville laonnoise. Ses défenseurs militent pour un mode de transport qui selon eux est rapide, écologique, efficace et qui a surtout une valeur patrimoniale, comme la cathédrale pour les habitants de la ville perchée.
 
"Le Poma dont les voies sont un trait d’union entre la ville basse et haute de Laon doit pouvoir re fonctionner c’est l’évidence même en ces temps de transition écologique" assure Nicolas Dragon. En mars 2017, le conseil municipal de Laon a décidé lors d'une délibération de céder une partie des infrastructures à la communauté d'agglomération du Pays de Laon. Une décision contestée par l'association. "Nous n'étions pas d'accord, la ville voulait céder gratuitement l'installation aérienne de la fin du viaduc jusqu'à la gare. une infrastructure qui a un coût, il y a les trois gares, la voie, l'acier. Si on devait construire cet ensemble aujourd'hui, il faudrait débourser 30 millions d'euros", ajoute Nicolas Dragon. Le 15 octobre 2019, le tribunal administraif d'Amiens leur a donné raison. "La ville n'a pas cherché à connaître le prix de cette installation, le transfert de propriété doit correspondre à la valeur vénale d'un bien"


Classement des installations du Poma de Laon

Construit entre 1983 et 1989, le  chantier du Poma est fascinant. Financé avec l'aide de l'État à hauteur de 87,5 % , c'est la toute première fois qu'une ville se lance dans ce type de transport. Le 8 février en visite officielle, le président François Mitterrand se rend d'ailleurs sur place pour observer son fonctionnement. Il a connu ensuite de nombreuses visites ministérielles et délégations étrangères. Le Poma avait repris le tracé historique du tramway qui circulait à Laon au 19e siècle, il utilisait le viaduc et le tunnel qui existent depuis. Durant 70 ans il faisait des rotations entre la ville haute et la ville basse, jusqu'à son arrêt en 1971. Le Poma prend alors du service, pour les défenseurs de cette structure, ces installations constituent un véritable patrimoine industriel.

Un système novateur pour l'époque et repris depuis par plusieurs sites à travers le monde. Chaque pièce du Poma a été inventée. Pour éviter la démolition complète de tout ou partie de ce système, "Agir pour le Poma" a déposé dans un premier temps, une demande pour le classement des installations de ce mini-métro cablé. Le 18 décembre une commission régionale du patrimoine et de l'architecture qui s'est tenue à Lille a délibéré en faveur de l'association, en donnant un avis favorable. Mais elle rajoute à ce dossier "sensible" voir "politique" une inspection générale des services de l'État en charge du patrimoine afin d'examiner plus en profondeur l'affaire du Poma. "Elle se déroulera en 2020 sans plus de précisions. On imagine évidemment après les élections municipales de mars 2020", souligne Nicolas Dragon. 
 


Un classement c'est bien, mais ce mode de transport doit continuer à fonctionner 

Si pour l'instant l'inscription comme monumant historique est encore loin. Pour ses défenseurs si l'infrastructure existe, elle est selon l'assocation en très bonne état (rapport du cabinet E.R.I.C, qui a inspecté toutes les installations en 2016). La ligne de 1,5 km pourrait reprendre du service d'après ses partisans. Ils ont d'ailleurs largement étudié toutes les possibilités pour l'améliorer, et optimiser ses coûts de maintenance et de pérennisation. 

"La société Poma que nous avons rencontré nous confirme qu'une solution de reconfiguration a bel et bien été proposée à l'agglomération du Pays de Laon, qui a refusé le projet, de prototype le Poma 2000 devenait objet de 'série'."
 


Seule une décision politique pourrait sauver le Poma

Nicolas Dragon est né à Laon, "J'ai 42 ans et j'habite sur le plateau, je défends ce système que j'adorais, c'était une stupidité de l'arrêter". Le Poma va probablement enflammer le débat local pour les prochaines municipales. Nicolas Dragon ne s'en cache pas, il se présentera aux prochaines municipales pour défendre le Poma. "À un moment donné pour aboutir, il faut passer par le suffrage universel, et le juge de paix ce sont les citoyens. Je ne suis adhérent d'aucun parti politique", Nicolas Dragon se définit comme un gaulliste social. "Cela signifie que j'ai une certaine idée de la France, et de Laon, je suis détaché de toute étiquette, les gens veulent que l'on s'occupe d'eux". Les quatres cabines du Poma permettait de monter sur le plateau en 3 minutes 30. Elles pouvaient accueillir jusqu'à 500 000 voyageurs par an. 
 
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