"Devons-nous renoncer à la production d’endives en France ?", c'est la question posée par les endiviers. Dans une lettre adressée au 1er ministre, les producteurs s'inquiètent de l'interdiction prochaine de trois produits phytosanitaires essentiels à leur culture, selon eux. Sans alternative, les endiviers des HDF craignent la disparition de la filière (90% de la production nationale dans les HDF).
Endivier à Dauchy, dans l'Aisne, Gauthier Lefèvre est inquiet. Il tient dans ses mains un bidon d'herbicide composé de Benfluraline, une matière active qu'il ne pourra bientôt plus utiliser. Cet herbicide est l'un des trois produits ( Benfluraline, Triflusulfuron-méthyle, Spirotétramate) qui seront interdits dans les champs d'ici 2025.
Or, le producteur dit ne pas pouvoir s'en passer pour le moment. Il fait pousser l'équivalent de trois hectares d'endives par semaine.
"Cet herbicide sert à détruire les chilopodes qui font concurrence aux endives dans les champs. Si on nous enlève ces insecticides-là, les pucerons vont venir coloniser les racines, pomper la sève de la racine et la racine n'aura plus de réserve pour faire son endive". Une lampe à la main, Gauthier Lefèvre se rend en salle de forçage : "ici, on peut le voir, on a les endives attaquées par les pucerons au champ et on ne le voit qu'une fois en salle de forçage. On a des belles endives mais là, on a du dégât".
Inquiet, le producteur met ses projets entre parenthèses. Avec son frère, il envisage de reprendre l'endiveraie familiale et ses quarante employés. Mais l'investissement est incertain.
"Si on n'a plus ces matières actives là, notre projet de reprise de part sera à mon avis annulé, parce qu'on n'a pas envie de s'endetter sur un produit qui n'a plus d'avenir en France".
"On risque de voir disparaître le produit"
Interdits au niveau européen, ces pesticides ne sont pas concernés par la suspension du plan national Ecophyto. Sans solution, la filière tire la sonnette d'alarme.
"On est premier producteur mondial d'endives, clame Pierre Varlet, directeur général de l'Association des producteurs d'endives de France (APEF). Si demain, les trois cents endiviers arrêtent de produire, on risque de voir disparaître le produit de la planète purement et simplement".
Pour les endiviers, l'horizon s'assombrit. Rechercher des solutions alternatives, comme le fait actuellement l'APEF, prend du temps et du temps, c'est ce qui risque de manquer.
Seront-ils encore capables d'assurer leur production à l'avenir ? 90% de la filière française est concentrée dans les Hauts-de-France.
L'APEF, l'Association des producteurs d'endives de France
Avec Lena Malval / FTV