Mise en pause du plan Écophyto : "c'est tout ce qu'il ne fallait pas faire", estime une agricultrice bio

Le gouvernement a annoncé la mise en "pause" du plan Écophyto qui vise à réduire les usages de pesticides d’ici à 2030. Plusieurs exploitants bio dénoncent cette décision. Explications.

Figée derrière son écran d'ordinateur, Nadou Masson épluche la presse. L'agricultrice isarienne peine à digérer les dernières annonces du Premier ministre Gabriel Attal : "C'est de l'abattement et du dégoût. Personnellement, je suis effondrée. On prend un coup au plexus, on prend un coup violent. [...] Ce qui est le plus choquant, c'est la deuxième série d'annonces, la mise en sommeil du plan Écophyto."

"On a l'impression que tout est remis en cause"

Parmi les mesures cédées à la FNSEA pour lever les barrages, il y a en effet la "mise en pause" du plan Écophyto 3 qui prévoyait la réduction de 50 % des pesticides d'ici à 2030. Le moteur de la transition agro-écologique est donc suspendu : "Je comprends la colère de mes collègues agriculteurs, mais nous, en bio, ça fait des années qu'on travaille à la transition écologique et, aujourd'hui, on a l'impression que tout est remis en cause et on sent bien qu'on n'atteindra jamais les objectifs qui sont donnés."

C’est tout ce qu’il ne fallait pas faire, le gouvernement est à côté de la plaque.

Nadou Masson, administratrice de la Fédération nationale d'agriculture biologique

"C'est un recul pour la biodiversité, c'est un recul sur la qualité de l'eau, sur la qualité de l'air et un recul sur la prise en compte de la santé de nos concitoyens et des paysans", ajoute Nadou Masson, agricultrice à Chèvreville dans l'Oise. Elle cultive 13 céréales, légumes et légumineuses sur 260 hectares. La conversion au 100 % bio a pris vingt ans, encouragée par les pouvoirs publics. Mais avec l'inflation, les ventes de bio s'effondrent et la cultivatrice a le sentiment d'être seule : "On se sent abandonné parce que, depuis deux ans, on réclame au gouvernement un plan de relance et de soutien à l'agriculture biologique à hauteur de 270 millions d'euros. Pour l'instant, on n'a pas obtenu tout ça. C'est ce qu'il faudrait pour que tout le travail qui a été fait depuis des années soit maintenu et, aussi, parce qu'un jour la consommation va repartir."

Trois revendications majeures

Avec plusieurs de ses collègues de la filière bio, Nadou Masson attend d'autres annonces du gouvernement. "Nous souhaitons un plan de soutien à l'agriculture biologique, une reconnaissance pour le travail que l'on fait donc une aide que l'on appellerait par exemple paiement pour service environnemental et que l'on revoit les marges de certains distributeurs et de certains transformateurs. [...] Comment on explique que nos prix à la vente soient en baisse et qu'ils continuent quand même à augmenter auprès des consommateurs ?"

Faire respecter la loi Egalim, mieux contrôler les prix, être dignement payé pour son travail... Autant de revendications communes avec l’agriculture conventionnelle, mais aujourd'hui, le bio, a peur pour son avenir : "Nous, nos fermes sont mises en danger et tous les outils que l'on a construits avec. C'est maintenant que l'on a besoin d'aide." La filière bio envisage une mobilisation nationale pendant le mois de février.

Avec Mickael Guiho / FTV

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