Les moissons retardées par la pluie inquiètent les agriculteurs : "ma récolte est stoppée depuis trois semaines"

Dans les Hauts-de-France, les récentes pluies ont bloqué la progression des récoltes. Selon les chiffres de France Agrimer, près de 30 % des champs de blés de la région ne sont toujours pas moissonnés, de quoi provoquer l'inquiétude des agriculteurs.

"En ce moment, c'est une préoccupation journalière, on est tout le temps en train de regarder la météo et les annonces depuis 15 jours ne sont pas bonnes", raconte Charlotte Vassant, agricultrice et présidente de l'Union syndicale agricole de l’Aisne. L'inquiétude grandit de jour en jour chez les agriculteurs picards et plus largement, des Hauts-de-France.

Alors que la récolte céréalière démarrait bien et était de bonne qualité dans la région, depuis le 22 juillet, les moissons de blé sont à l'arrêt dans plusieurs secteurs de Picardie. Selon les chiffres de France Agrimer, près de 30 %, des champs de blés n'étaient toujours pas moissonnés au 31 juillet dans les Hauts-de-France. 

En cause, le climat et les récentes précipitations : "On a pris à peu près 100 mm d'eau sur 15 jours, ce qui fait à peu près une baignoire au m² sur les céréales qui étaient en cours de récolte", poursuit l’agricultrice axonaise. Avec la pluie, les grains de blé germent et perdent en qualité.

On a perdu une trentaine de pourcents en termes de qualité pour le blé, il ne pourra pas servir pour l’alimentation humaine.

Charlotte Vassant, agricultrice

"Depuis trois semaines, je suis stoppée dans ma récolte de céréales et il me reste pour mon exploitation encore une quinzaine d'hectares, ce qui représente environ 15 % de ce que j’avais à récolter en termes de céréales", poursuit l’agricultrice.

Une situation identique à l’année 2021. Heureusement, la majeure partie des récoltes ont eu lieu avant cette vague de pluie.

Situation critique pour les colzas

Pour le colza en revanche, les pertes s'annoncent plus grandes : 80 % des colzas sur la partie du nord de l'Aisne restent à récolter. "Le colza n'est pas encore récolté et la semaine prochaine, il va déjà falloir penser à semer les nouveaux colzas 2024. Donc c'est une charge de travail qu'on doit prévoir et de fait, c'est un petit peu compliqué en cette période de vacances. On est obligés de prendre notre mal en patience pour pouvoir finir cette récolte qui dure", explique Laurent Cardon, agriculteur dans l'Aisne. Il prédit d'ores et déjà 50 % de pertes. "Les colzas ont souffert de la tempête. De fait, ils se sont plaqués au sol avec une récolte bien plus difficile", poursuit l'agriculteur.

Faute de temps, impossible également de s'occuper correctement de la paille, aujourd'hui gorgée d'eau : "Pour un éleveur, je pense que la paille est difficilement utilisable, et qu'elle demanderait un travail assez conséquent, car trop trempée. C'est inutilisable actuellement en alimentation animale", ajoute Charlotte Vassant. Sur les réseaux sociaux, d’autres agriculteurs partagent leurs inquiétudes.

Une semaine plus ensoleillée à venir

Sur les réseaux sociaux, le député de LR de l'Aisne Julien Dive a interpellé le gouvernement, lui demandant d'anticiper les besoins de la filière : "Dans un marché mondial du blé tendu et perturbé par le contexte géopolitique, il conviendra pour les pouvoirs publics d'être très vigilants aux conséquences sur l'équilibre de la Ferme France et des mesures éventuelles de soutien à déclencher."

Météo France prévoit une semaine à venir plus ensoleillée. Peut-être le créneau tant espéré, mais les journées de travail s’annoncent très intenses. "Il va falloir mettre les bouchées doubles avec des journées allongées et mettre les moyens nécessaires pour récolter l'ensemble", conclut Charlotte Vassant.

Avec Julien Guéry / FTV

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité