Dérèglement climatique : la filière du lin ébranlée par les phénomènes météorologiques extrêmes

Les Hauts-de-France concentrent 40 % de la production française de lin. Sur le papier, la région offre des conditions favorables à sa culture, avec son climat océanique tempéré, une pluviosité régulière et des variations de températures relativement faibles. Mais les agriculteurs se trouvent de plus en plus confrontés aux conséquences du dérèglement climatique.

Dans la Somme, la campagne d'arrachage du lin a débuté il y a quelques jours. Vincent Lesenne, de la coopérative linière Calira explique que la croissance du lin est rapide, une centaine de jours entre les semis et l'arrachage. La plante doit, pour atteindre la hauteur idéale, pousser d'un centimètre par jour.

30 % à 40 % de perte

La météo joue un rôle crucial dans ce processus et la plante est particulièrement vulnérable face aux aléas climatiques. "Ce qu’il faut, c'est un climat tempéré, avec une alternance de pluie et soleil, pas d'excès de températures froides ou chaudes. Cette année, on a eu des conditions extrêmes au démarrage avec des conditions de semis très pluvieuses. Ensuite, on a eu des conditions froides avec un vent très asséchant, donc on a eu une pousse très lente", regrette Vincent Lesenne.

Résultat : le lin n'a pas atteint la hauteur idéale. C'est par exemple le cas dans une exploitation de Oisemont, à l'ouest du département. Le rendement s'annonce donc très moyen, avec 30 % à 40 % de perte selon la coopérative.

Une forte demande chinoise

Après la période de rouissage, pendant laquelle le lin va macérer sur le sol, les bactéries du sol vont grignoter l'écorce pour faciliter la séparation des fibres. C'est ce processus qui définira la qualité, la couleur et la résistance du lin.

Le lin est ensuite ramassé, séché puis teillé au sein des coopératives. Les fibres longues, destinées à l'habillement, sont conditionnées en balles ou rouleaux de 100 kg. Elles seront revendues, principalement aux filatures chinoises, entre 3,15 € et 6,15 € par balle selon la qualité. Le reste du lin, que l'on appelle co-produit, servira à fabriquer des isolants, litières pour animaux, du papier ou encore pour produire de l’huile.

Alors même si la récolte 2023 s’annonce en berne, les professionnels du secteur parlent d’une mauvaise année tous les dix ans "De manière globale, on est dans une région propice à la production de lin. Sur le long terme, on n'est jamais déçus du rendement. La production reste très rentable pour les liniculteurs, surtout qu'aujourd’hui, il y a une très grosse demande de la Chine, donc on a besoin de nos producteurs pour produire du lin et répondre à la demande" argumente Aurélien Patou, responsable de plaine au sein de la coopérative Calira.

S'adapter au réchauffement climatique

Cependant, avec le dérèglement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents, ce qui rend la culture du lin plus complexe et incertaine. En conséquence, la filière expérimente de nouvelles alternatives pour faire face à ces défis. Le lin d'hiver pourrait être une solution. Cette variété est plantée à l'automne et non au printemps.

Des recherches sont également en cours pour sélectionner des semences de printemps "plus résistantes aux enjeux climatiques" selon l'Alliance pour le lin et chanvre européens. D'autres recherches portent sur des améliorations génétiques de la plante, pour la rendre plus résistante aux aléas climatiques.

Dans la Somme, une autre alternative expérimentée : la culture du chanvre textile. Quatre coopératives linières de la région (Opalin, Lin 2 000, L.A. linière, et Calira) se sont associées pour développer une filière de chanvre textile, cultivé selon des procédés similaires.

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