Un projet de foyer d'hébergement pour personnes en situation de handicap est mis en suspens faute de moyens. La directrice de l'association tire la sonnette d'alarme. Elle estime que les locaux actuels ne sont plus adaptés aux pensionnaires.
L'espoir s'amenuise pour les résidents du foyer d'hébergement de Saint-Erme-Outre-et-Ramecourt, près de Sissonne dans l'Aisne. Un projet de construction devait leur permettre de rejoindre un centre plus adapté à leurs handicaps dès janvier 2025, mais il a été suspendu lors d'un comité de pilotage avec le département le 18 décembre dernier.
Un édifice vétuste et inadapté
Edwige Decomble, la directrice de la structure, s'inquiète de cette décision. L'ancien bâtiment ne correspondrait plus aux besoins de l'époque selon elle : "On a quand même un ensemble d'obligations qui nous amène à avoir un accompagnement vers l'inclusion avec le développement de l'autonomie, de la vie sociale, sauf que les locaux actuels ne le permettent pas. Ça ressemble plus à un internat collectif avec des douches qui ne sont pas dans chaque chambre. Il n'y a pas de WC dans chaque chambre non plus, donc l'intimité est quand même compliquée pour des adultes. Chacun n'a pas un espace dédié comme on pourrait l'avoir aujourd'hui. Ce n'est plus trop dans les normes maintenant".
Au-delà des dortoirs, le centre ne disposerait pas de salles communes suffisamment grandes pour les pensionnaires : "On a de plus en plus de personnes qui ne travaillent pas et les locaux sont encore moins adaptés pour accueillir des personnes en journée. Ils doivent faire des activités avec nos éducateurs, mais avec une seule salle d'activité, c'est compliqué".
Par manque de place, certains Axonnais seraient même contraints de vivre dans des structures belges. "Le lien avec leur famille est plus ou moins rompu", déplore la directrice.
Pourquoi le projet est mis en pause ?
Si le projet né en 2021 est suspendu, c'est en partie pour des raisons financières, affirme le département de l'Aisne. "Il y a deux conditions sine qua non à la signature du département. D'abord, que l'on puisse avoir un budget. Et puis de connaître le plan de financement de ce projet-là, ce que ça va entraîner au niveau des résidents, le prix de journée", explique Anne Maricot, vice-présidente du conseil départemental de l'Aisne chargée de l'autonomie, du grand âge et du handicap.
Le département souffrirait donc des difficultés de l'Assemblée nationale à voter un budget global pour l'année 2025. Pourtant, le projet est antérieur à ces difficultés. Par ailleurs, il évoque aussi des lenteurs administratives du côté du bailleur et de l'association qui n'auraient pas fourni les documents relatifs aux coûts d'hébergement des pensionnaires.
De son côté, Clésence, le bailleur social, réfute ce dernier argument : "Le montant annuel de la location du bâtiment a été transmis le 18 décembre dernier à l'association et au département, qui a donné un avis favorable".
Pour lors, on ne sait pas quand la construction pourra débuter. "J'espère avoir les documents pour signer le bail et déclencher les travaux plus rapidement possible. Je pense que ça va se faire, mais ce sera forcément retardé. Le souci, c'est de savoir combien de temps et ça fait déjà très longtemps qu'on attend", conclue Edwige Decomble, la directrice de l'association Accomplir ensemble un devenir qui dirige le centre.