Du 8 au 12 mai 2024, entre campement, batailles et défilés, des dizaines de passionnés et des milliers de spectateurs se sont rassemblés près de Chauny dans l'Aisne, pour honorer à leur manière le devoir de mémoire des guerres 14-18 et 39-45.
Bien que les guerres continuent, de plus en plus près de nos frontières, il reste nécessaire de rejouer celles qui ont meurtri le territoire national au siècle dernier, pour entretenir certaines valeurs et honorer ceux qui y ont, d'une manière ou d'une autre, de gré ou de force, participé. C'est en tout cas la conviction des passionnés des deux Guerres mondiales, qui clôturent ce dimanche un événement de 5 jours à Beautor, près de Chauny dans l'Aisne.
La manifestation était portée par de nombreuses associations venues d'au-delà de la région, coordonnées par History of war, l'association organisatrice, déterminée à pérenniser ces reconstitutions au nom du devoir de mémoire.
"1800, c'est perdu, pose le président Christophe Liévaux. 14-18, ça se perd. 39-45, j’ai peur que ça se perde dans le temps. Donc si nous, associations, on ne fait pas d’événements comme ça, j’ai bien peur que ça se perde."
"De génération en génération, on a tendance à oublier, renchérit Freddy Vuylsteke, président de l’association du D-day memories. Donc nous, on résiste ! C’est le cas de le dire.”
Batailles, défilés et débarquement
Rien que sur la journée de samedi, plus de 4 000 personnes sont venues assister, gratuitement, à une reconstitution du débarquement de 1945, depuis l'étang de la base de loisirs locale.
Dans les champs de pâquerettes comme dans les bois, des batailles pétaradantes et précisément chorégraphiées ont mis en scène les différents alliés et ennemis d'hier, leurs véhicules militaires, leurs uniformes, chacun pleinement investi dans sa partition, voulant s'inscrire dans les pas des héros célébrés, quels qu'ils aient été.
Habillé en soldat de l'Allemagne nazie, Maxime Batnwell, membre de l’association Verlaine 59, explique ainsi : "Nous, on joue des soldats classiques, qui étaient des conscrits, des gens qui n’avaient pas forcément la vocation d’aller sur le champ de bataille, ni les convictions politiques du 3e Reich.”
De vrais passionnés donc, porteurs de messages, souvent débrouillards aussi, habiles de leurs mains. Ici, on recoud en vitesse un uniforme abîmé par inadvertance. Là, on présente les entrailles d'une Jeep américaine de 1944.
"Je ne connaissais rien à ces véhicules, confie Xavier Bryche, membre de l'association Charlie company, qui a racheté la voiture il y a 10 ans pour la restaurer impeccablement. Mais au travers de beaucoup de sites internet, de livres, on retrouve absolument tout."
Haie d'honneur pour un résistant de l'Aisne
Ces cinq journées de reconstitutions avaient débuté le 8 mai, fête de la Victoire de 1945. L'association History of war avait participé à la cérémonie officielle, jusque devant le monument aux morts de Beautor.
Trois jours plus tard, l'événement aura été marqué par la venue d'un authentique héros : Maurice Decq, 94 ans, le plus jeune résistant de l'Aisne pendant la seconde Guerre mondiale, le dernier à témoigner.
Celui que les habitants de Chauny connaissent aussi comme horloger raconte sa contribution concrète à la résistance, avec modestie et malice : "On leur a mis des clous sur les routes, on a peint les bornes téléphoniques, on a coupé les fils, on a transporté les armes dans une remorque avec du foin dessus et une faux… enfin, tout ce qu’on pouvait faire à l’époque !”
Bravo et merci encore, monsieur.