Plutôt que de se résoudre à l'annulation, le festival de musique ancienne et baroque de Saint-Michel en Thiérarche a choisi de faire vivre son édition 2020 en ligne. Deux programmes sont diffusés chaque dimanche jusqu'au 5 juillet.
"C'est LE rendez-vous du mois de juin", nous confiaient les spectateurs qui avaient pris place dans les travées de l'abbaye de Saint-Michel en Thiérache à l'occasion des trente ans du festival de musique ancienne et baroque. Quatre ans plus tard, les auditeurs fidèles ont dû être déçus : comme de nombreux événements picards, l'édition 2020 a été annulée en raison de la crise sanitaire. Mais artistes et organisateurs ont tout de même tenu à faire résonner des partitions au sein de la nef de l'édifice religieux.
Deux concerts ont donc été enregistrés le 7 juin, premier jour du festival, et sont diffusés sur les réseaux sociaux, chaque dimanche jusqu'au 5 juillet, par tranches d'une douzaine de minutes. Une sélection sur les douze représentations prévues à l'origine, qui permet de maintenir le format hebdomadaire du festival. "C'étaient les deux programmes qui mobilisaient les effectifs les plus réduits, qui nous permettaient d'être dans les conditions de prudence, et en même temps ils étaient représentatifs, chacun à leur façon, de l'esprit artistique du festival", expose Jean-Michel Verneiges, directeur artistique, qui détaille : "C'est principalement de la musique vocale. Et aussi un organiste, car même si l'orgue est minoritaire dans la programmation du festival, il y a dans cette abbaye un orgue historique exceptionnel qui lui-même a impulsé l'idée du festival au départ."
Renaissance anglaise et siècle révolutionnaire
Pas de "Festivités nuptiales du Grand-Duc de Toscane", de "Larmes de la Vierge" ou de "Constellation Bach" donc... Mais d'abord, à 11h30, "L’âge d’or de la Renaissance anglaise", ravivé par la mezzo-soprano Lila Hajosi et François Joubert-Caillet à la viole et à la Lyra-viol, instrument "typique de l’Angleterre de cette période". Ils interprètent des oeuvres de John Dowland et Tobias Hume, prédécesseurs d'Henry Purcell chargés d'"évoquer certaines des plus brillantes décennies de l’école anglaise entre XVIe et XVIIe siècles."
En début d'après-midi, l'organiste Paul Goussot prend le relais, avec un programme articulé autour de "L’orgue concertant et le siècle de la Révolution". Après un préambule explicatif, le titulaire de l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux s'installe à celui de l'abbaye, édifié en 1714 et "l’un des rares exemples authentiques et audibles de cette facture qui ait franchi les trois derniers siècles". Le programme, articulé autour de la seconde moitié du XVIIIe siècle, navigue entre Händel, Claude Balbastre, Mozart ou encore Carl Philipp Emanuel Bach, fils aîné de Johann Sebastian.
Malgré ces conditions exceptionnelles, Jean-Michel Verneiges voit dans cette organisation alternative un moyen de maintenir "une présence" auprès du public, mais aussi de "marquer une solidarité avec les artistes eux-mêmes". "C'est une façon de permettre à ces artistes d'exercer leur métier, dans des conditions évidemment très singulières, mais de s'exprimer quand même et d'être payés normalement", développe-t-il. Pour renouer véritablement avec l'auditoire, il faudra attendre la prochaine édition, déjà prévue du 6 juin au 4 juillet 2021.
Programme :
► dimanche 28 juin, 11h30 : Tobias Hume, Captain Hume ; Johan Downland, If My Complaints ; Tobias Hume, A Souldier's Resolution / 14h : Claude Balbastre, Fugue en Ré mineur (Manuscrit de Dijon, 1749), Wolfgang Amadeus Mozart, Andante KV. 616 pour orgue mécanique
► dimanche 5 juillet, 11h30 : Tobias Hume, What Greater Griefe, Loves Farewell ; John Dowland, Now, o now, I needs must part / 14h : Georg Friedrich Händel, Concerto pour opus 7 n° 6 : 1er mouvement : Pomposo, Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier, Variations sur La Marseillaise.