Une coulée de boue a causé le décès d'une femme à Courmelles, dans l'Aisne. Son conjoint a été blessé et transporté à l'hôpital. Leur maison a été détruite par le flot d'eau et de boue. Une quarantaine d'autres habitants ont été impactés par le phénomène.
Un violent épisode orageux et pluvieux a provoqué un phénomène de ruissellement et une coulée de boue importante dans la commune de Courmelles, au sud de Soissons. Une femme de 57 ans est décédée. Elle a été emportée par le flot de boue et d'eau et retrouvée par les sauveteurs plongeurs, à "plusieurs dizaines de mètres de son domicile", d'après les services de secours.
Son conjoint blessé
Des voisins ont porté secours à son conjoint. "On est sortis pour voir s'il n'y avait personne de blessé, l'eau nous arrivait plus haut que le bassin, explique Jérémy Blery. On l'a vu en train de tituber, du coup on est partis le chercher pour le ramener au chaud, et on a appelé les pompiers pour savoir ce qu'il fallait faire, les premiers secours. Il avait le crâne complètement ouvert, il nous a dit qu'il ne se rappelait plus vraiment ce qui s'était passé." Il a été transporté à l'hôpital, et d'après les sapeurs-pompiers, ses jours ne sont plus en danger.
Le maire de la commune, Arnaud Svrcek, s'est rendu sur place peu après minuit. "C'est une situation inédite, je n'ai pas de mot, c'est une scène de chaos, déplore-t-il, visiblement affecté par le décès de la femme. On se connaissait de longue date, on a grandi ensemble, on a été à l'école ensemble. J'ai célébré leur union en septembre 2020."
Une quarantaine d'habitants impactés
La maison du couple a été détruite, la boue ayant emporté les murs et les meubles. "La coulée s'est localisée à l'endroit où nous nous trouvons [devant la maison, ndlr], avec probablement un effet bouchon, et lorsque l'eau est arrivée dans la maison ça a fait s'effondrer la façade et emporter les personnes", détaille le colonel Thierry Darras, directeur départemental adjoint du Sdis de l'Aisne et commandant des opérations de secours.
Si la maison du couple est la seule à avoir été détruite, plusieurs autres habitations ont été sinistrées. Les sapeurs-pompiers ont mis en sécurité les habitants. "Nous avons quand même une quarantaine de personnes impactées par l'événement et la montée des eaux", précise le colonel.
Une salle a été mise à disposition pour accueillir les habitants, et une cellule psychologique a été mise en place. "Les autres sinistrés n'ont pas dormi de la nuit, je les ai incités à aller se reposer, pour essayer de passer la phase de sidération, indique le maire. On va tout mettre en œuvre pour que ce soit le moins douloureux possible."
Un phénomène ultra-localisé
Si l'ensemble du département de l'Aisne était placé en vigilance orange, ce hameau de la commune de Courmelles a été victime d'un phénomène d'une très grande violence. "C'était une violence très localisée, car dans le département, nous avions comptabilisé uniquement cinq interventions concernant les intempéries", explique Thierry Darras.
Le maire a, lui aussi, été surpris de l'intensité de l'événement sur ce hameau. "J'habite sur une autre partie de la commune où les précipitations étaient plus que faibles. À d'autres endroits, c'était modéré, et ici visiblement extrêmement fort", confirme-t-il.
La municipalité tente désormais de comprendre précisément ce qui s'est passé, avec les sapeurs-pompiers, notamment grâce à des prises de vue effectuées dès la levée du jour. "On est en train d'essayer de refaire le déroulé, de voir où était le problème, la trajectoire de la coulée de boue, et d'essayer de comprendre comment elle est arrivée pile à cet endroit-là, assure le maire. Et voir les moyens qu'il va falloir mettre en œuvre pour éviter que ça se reproduise, en sachant que ce qui nous semble exceptionnel aujourd'hui sera peut-être la norme demain. Gérer, c'est prévoir. Il faut essayer de plutôt surdimensionner que de sous-dimensionner, tout en espérant qu'on n'ait jamais à s'en servir et qu'on ne connaisse plus jamais ça."
Les opérations de déblaiement toujours en cours
Dans le même temps, les opérations de déblaiement et de nettoyage continuent. "Il nous faut assurer l'épuisement et l'assèchement des habitations, et dans un deuxième temps rendre la chaussée disponible", indique le commandant des opérations de secours.
Au plus fort de l'intervention, plus de 50 sapeurs-pompiers étaient mobilisés sur cette intervention. Le commandant des opérations de secours précise toutefois que l'intervention a pu être rapide, en raison de l'alerte orange déclenchée par Météo France. "Nous avons pu anticiper les moyens et l'engagement puisque nous avions passé un message à l'ensemble des centres de secours pour préparer les matériels", indique-t-il.
Des sauveteurs aquatiques et des sauveteurs déblayeurs ont également été mobilisés, ainsi que la gendarmerie.