À quelques jours du début des play-offs de NBA, Rudy Gobert se livre dans une tribune diffusée sur le site The Player's Tribune. Le basketteur originaire de Saint-Quentin, dans l'Aisne, dévoile le racisme dont il a été victime enfant, notamment au sein de sa propre famille.
Les play-offs débutent samedi 20 avril, et comme pour affronter plus sereinement ces phases finales auxquelles il participera avec son équipe des Minnesota Timberwolves, Rudy Gobert a décidé de se livrer.
Dans une tribune, publiée sur le site The Player's Tribune, le basketteur français partage ses blessures d'enfant. Lui, qui d'ordinaire a pu être "réticent" à parler de son parcours personnel.
Originaire de Saint-Quentin dans l'Aisne, Rudy Gobert a été élevé seul par sa mère avec sa demi-sœur et son demi-frère, issus d'une précédente union. Son père, ancien basketteur professionnel, est reparti vivre en Guadeloupe lorsqu'il avait 2 ans. Il est alors le seul métisse de la famille : "et pour certaines personnes, c'était un problème", écrit-il.
"Nous ne voulons pas de ce bébé dans notre maison"
Le basketteur raconte alors qu'il n'était pas le bienvenu dans les repas de famille lors des fêtes de Noël : "Nous ne voulons pas de ce bébé dans notre maison."
"Elle pourrait venir seule. Mais elle ne pouvait pas amener « cet enfant ». Elle ne pouvait pas amener Rudy", raconte-t-il.
Elle, c'est sa mère, pour qui il a toujours eu beaucoup de reconnaissance. "Les choses qu'elle a faites pour moi et mes frères et sœurs… c'est incroyable. Financièrement, nous n’avions pas grand-chose. Nous vivions dans ce que nous appelons HLM. Logement social", indique-t-il.
Dans le quartier Neuville plus précisément à Saint-Quentin, "j'ai toujours été très heureux, nous confiait-il l'été dernier lors d'un entretien accordé à France 3 Hauts-de-France. J'ai eu la chance de grandir avec beaucoup d'amour autour de moi. Ma mère a toujours tout fait pour moi, elle m'a toujours protégé, inculqué des valeurs de respect et de générosité."
Croire en ses rêves
Dès le plus jeune âge, Rudy Gobert commence le basket et se prend à rêver. "J'avais une croyance de fer. Pas nécessairement que j’allais jouer en NBA. Mais j’allais réussir – peu importe ce que cela signifiait pour moi. Science, droit, comptabilité, peu importe. Cela n'avait pas d'importance. J'allais y arriver. Pour nous", livre-t-il dans The Players' Tribune.
À 13 ans, il intègre le pôle espoir à Amiens, "un peu plus loin de ma ville natale", dit-il, détaillant ainsi les allers-retours pour rentrer chez lui et le train de 6h du matin qu'il devait prendre pour retrouver sa mère. "Vous vous souvenez de toutes les choses que vous avez dû traverser. Vous vous souvenez des enfants qui vous traitaient de ***** à l'école primaire. Vous vous souvenez des entraîneurs qui pensaient que vous étiez nul et que vous n’aviez aucune chance de devenir pro."
Il se souvient aussi de ce jour de février 2019, où il fond en larmes devant les journalistes après avoir appris qu'il n'était pas retenu pour le All Star Game. "Je n'étais pas ému parce que j'ai raté un All-Star Game. C'était bien plus profond que ça. Je pleurais à cause du sens plus profond", se justifie-t-il.
En 2023, Rudy Gobert devient le deuxième sportif français le mieux payé derrière Kylian Mbappé. "Les gens se moquent souvent de moi parce que j'aime bien aller me balader dans les montagnes ou dans les forêts et ça ne coûte rien", nous confiait-il en juillet dernier. Et c'est dans les bois du sud de l'Oregon justement que le basketteur a passé trois jours à réfléchir à son parcours avec une conclusion : "pour moi, la plus haute forme de force est de rester fidèle à soi-même, même si le monde se moque de vous pour cela. C'est alors que vous montrez vos vraies couleurs."