À Soissons, on collecte les vases pour renforcer l'identité locale

Soissons n'est pas surnommée pour rien "la cité du vase". Pour renforcer cette identité qui fait la réputation de la ville dans toute la France, l'Office de tourisme appelle les habitants à venir lui déposer leurs propres vases. Ils seront bientôt mis à l'honneur.

Il y en a des grands, des petits, en verre, en porcelaine ou en métal, parfois plus proches de la chope à bière que de l'objet de décoration. Ce sont les premiers spécimens réceptionnés après l'appel lancé dans la presse et sur les réseaux sociaux par les responsables de l'Office de tourisme du Grand Soissons.

Depuis quelques temps, l'organisme a demandé aux habitants du secteur de venir déposer dans ses locaux leurs propres vases "entiers ou cassés", qu'importe !  "Le vase de Soissons a vraiment existé, mais on ne sait pas sous quelle forme, s'il était en étain ou en bronze. Alors le fait que nous ne sachions pas exactement comment il était laisse la place à l'imagination", confie Marjorie Modde, responsable de l'accueil à l'Office.

Pour le moment une vingtaine de Soissonnais ont donc répondu présents et sont venus apporter leur récipient. Certains ont même accompagné leur dépôt d'un petit mot vantant la riche histoire locale représentée pour l'occasion par cette collection hétéroclite.

Mais l'essentiel n'est pas là. Derrière cette sympathique opération se cache une ambition bien plus vaste. Ses promoteurs cherchent à renforcer l'identité locale. "Le vase, c'est un symbole de Soissons", souligne Charles Marceau, le directeur de l'Office de tourisme du Grand Soissons. Ce n'est pas pour rien qu'on a surnommé la ville "La cité du vase". 

C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est connue en France et peut-être même uniquement pour cela d'ailleurs. "Quand les touristes viennent à l'office, ils demandent où est le vase de Soissons", raconte Marjorie, la responsable de l'accueil. "C'est le vase et aussi le haricot", ajoute sa collègue Léa Marcellin. Il s'agit donc de mettre à l'honneur ces marqueurs de l'identité soissonnaise. "Comme Clovis ou Pépin le Bref, le vase fait partie des ces signaux faibles qui font l'identité d'un territoire. Cela doit permettre aux habitants de prendre conscience de l'importance de l'histoire locale et du tourisme. Nous voulons faire en sorte qu'ils soient fiers et heureux."

Une identité à raviver

Une identité qui pourrait d'ailleurs être renforcée. Quand d'autres villes ont développé fortement leur notoriété sur la base de leur histoire locale, Soissons n'a peut-être pas la renommée à laquelle elle pourrait prétendre. "Une partie de l'histoire de France trouve ses racines à Soissons. Vous êtes au cœur d'une ancienne capitale de la France, or c'est un peu oublié dans le roman national", regrette Charles Marceau.

L'opération du moment est donc un des éléments d'une stratégie plus globale destinée à raviver la connaissance du riche passé local. Elle devrait s'appuyer surs des projets plus vastes comme celui de la mise en valeur de l'ancienne abbaye royale Saint Médard aux origines remontant aux mérovingiens.

La collecte des vases doit s'achever le 16 mai, à la fin de la semaine prochaine. Une école de la ville y a même participé au travers de dessins. L'office de tourisme exposera ensuite ses différents vases de Soissons dans sa vitrine avant de les mettre à l'honneur en de prochaines occasions.

"Souviens toi du vase de Soissons"

L'histoire du vase de Soissons, pour beaucoup d'entre nous c'est celle que l'on a appris à l'école ou à la maison, transmise de génération en génération. Une histoire mise en avant notamment sous la IIIème République au travers des manuels scolaires où les grands hommes, comme Clovis, sont célébrés.

Quoi de mieux que l'histoire marquant la vengeance de Clovis frappant d'un coup de hache le soldat qui a brisé le vase un an plus tôt ? Si l'histoire a sans doute été romancée, elle possède comme souvent une base véridique. L'épisode réel se serait déroulé à la fin du Vème siècle. Son récit a été rédigé plusieurs générations après les faits par Grégoire, Evêque de Tours, mort en 594.

Dans le livre II de son « histoire des Francs », il en présente un récit assez imprécis complété par d'autres auteurs bien plus tard. Le fameux "vase de Soissons" proviendrait du pillage d'une église par Clovis, encore paien à cette époque. Grégoire de Tours évoque "un vase que ses dimensions et sa beauté rendaient particulièrement remarquable." C'est à peu près tout ce qu'on en sait. D'après le texte, Clovis s'étant engagé à le restituer au clergé, il le réclama en plus de sa part de butin, mais un soldat brisa le vase de sa hache. "Tu ne recevras que ce que le sort te donnera"aurait dit ce dernier.

L'année suivante Clovis tua le guerrier qui lui avait fait affront de la même manière. Si les auteurs s'accordent sur le fait que le partage du butin s'est bien passé à Soissons, le reste est assez fluctuant. Pour autant, l'histoire a fini par transformer l'événement en image populaire dont Soissons a tenté de profiter assez tôt d'un point de vue touristique, notamment après la première guerre mondiale.

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