"Je me dis que je ne suis pas toute seule" : le parrainage, une bulle d'oxygène pour les enfants placés en structure d'accueil

Depuis 2020, un dispositif de parrainage solidaire a vu le jour dans l'Aisne pour offrir un soutien essentiel aux enfants placés en structures d'accueil. Face à l'isolement et au manque de relations, des parrains bénévoles se mobilisent pour offrir une bulle d'oxygène et un soutien supplémentaire dans la vie de ces jeunes.

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Le dispositif est parti d’un constat : 75 % des enfants n’ont pas d’adulte fiable vers qui se diriger à la sortie du placement, selon une enquête réalisée entre 2018 et 2020. Un chiffre qui met en lumière le manque de relations et de ressources pour les enfants placés à la sortie de l’institution. Ainsi, le parrainage a été conçu comme une réponse à ce manque de contact avec le monde extérieur. Il est permis depuis une circulaire de Simone Veil et inscrit dans la loi Taquet de 2022 relative à la protection de l’enfance.

Un pont vers la normalité

Jamela Ben Alla, ancienne éducatrice spécialisée, a été un moteur clé dans le déploiement de ce dispositif dans l’Aisne. "Le parrainage est conçu pour être une bulle d'oxygène dans le placement qui n'est jamais voulu. Pour proposer une autre normalité que la leur", explique la référente.

C’était le cas pour Lucie, 18 ans, qui a fréquenté le village d’enfants (maisons d’accueil pour enfants placés) depuis l’âge de 4 ans. Elle y a rencontré Marine, éducatrice spécialisée, devenue ensuite sa marraine, en qui elle a trouvé une personne de confiance pour l’aider dans sa transition vers l’âge adulte.

"Quand j’étais en foyer et que j’allais chez marraine, ça me changeait du quotidien. Aujourd’hui, elle m’aide encore, avec l’administratif par exemple. Je me dis que je ne suis pas toute seule."

La jeune femme intègre un IFSI (institut de formation en soins infirmiers) à la rentrée. En manque de confiance, elle a préparé son examen oral d’admission avec sa marraine, auquel elle a finalement obtenu une note de 20/20. Une grande fierté pour toutes les deux.

Des liens uniques

Des relations privilégiées, qui apportent une contribution précieuse à l’épanouissement des jeunes. Les parrains bénévoles offrent un soutien unique aux enfants, en dehors du cadre institutionnel.

Pour Marine, qui a choisi de marrainer Lucie ainsi que Jade (prénom modifié), sa petite sœur de 17 ans, ce dispositif était presque une évidence "On avait une bonne relation, j’étais leur éducatrice. Quand j’ai quitté mon poste, je voulais faire perdurer ce lien privilégié que nous avions. Leur montrer que ce sont des enfants qui comptent pour moi, et qui continuent de compter même si je ne travaille plus dans leur foyer."

Aujourd’hui, Lucie et Jade sont pleinement intégrées dans la famille de Marine et de son mari Enrique. Les deux jeunes filles sont d’ailleurs très complices avec le jeune fils du couple. Ils partagent des vacances, organisent régulièrement des sorties ou partagent simplement des moments du quotidien.

À chaque parrain/filleul sa relation. Si Lucie et Jade sont pleinement intégrées dans la famille de Marine et d’Enrique, aucun cadre fixe n’est imposé. À chacun son rythme. Pour certains, il peut s’agir de sorties occasionnelles, de week-ends. L’une des priorités du dispositif : sortir l’enfant du tout placement. "Les parrains ne sont pas là pour se substituer aux parents. Ce ne sont pas non plus des éducateurs. C’est un plus, une bulle d’oxygène. Ce sont des enfants qui sont très institutionnalisés, ils manquent de spontanéité dans leur vie. Avec ce dispositif, c’est possible. Ils découvrent ce qu’est une famille non carencée et équilibrée, et travailler des détails qui ne peuvent pas être travaillés en institution."

Un soutien équilibré et encadré

Le parrainage est strictement encadré pour garantir le bien-être des enfants. Les parrains bénévoles doivent obtenir l'accord des parents, du directeur de la structure, du conseil départemental et du jeune. Le processus de sélection comprend plusieurs entretiens, une visite au domicile du parrain et la vérification du casier judiciaire.

Avant de s'engager, le parrain et le jeune se rencontrent pour s'assurer de la compatibilité de la relation. "Si l’enfant est là pour combler quelque chose, un manque, c’est rédhibitoire. On est très attentifs à cela, si l’enfant peut être objet de quelque chose", ajoute Jamela Ben Alla.

Si à ses débuts, les parrains étaient essentiellement d’anciens professionnels de la protection de l’enfance, aujourd’hui, les profils sont variés : des enseignants, des bibliothécaires, des retraités de la poste, des femmes seules ou des couples.

Appel à candidatures

Mais Village d’enfants à Soissons recherche de nouveaux bénévoles, dans le secteur de Laon et de Saint-Quentin. Deux réunions publiques sont prévues pour faire connaître le dispositif et recruter de nouveaux parrains.

Vous pouvez également prendre contact avec le Village d’enfants et présenter votre candidature sur le site actionenfance.org ou contacter la référente parrainage Jamela Ben Alla par mail à l’adresse : jamela.ben-alla@actionenfance.org.

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