Cédric Delaire faisait partie des gilets jaunes libres qu'Emmanuel Macron avait demandé à Edouard Philippe de rencontrer à Paris mardi après-midi. Mais pour des raisons sécurité, cet habitant de Coincy dans l'Aisne n'ira pas à Matignon.

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"Tant que la sécurité et l'intégrité physique de certains des Gilets jaunes libres ne sont pas garanties, je n'irai pas à Matignon. A regret".

L'heure précise de cette entrevue n'avait pas encore fixée. Mais c'est mardi après-midi que Cédric Delaire était attendu à Matignon avec d'autres signataires de la tribune parue dimanche du JDD. Ces porte-parole autoproclamés devaient rencontrer le Premier ministre Edouard Philippe, à la demande d'Emmanuel Macron.

Mais depuis l'annonce de cette réunion, certains d'entre eux ont reçu des messages d'intimidation et des menaces parfois de mort. C'est pourquoi ils ont collectivement décidé de ne pas se rendre à Paris rencontrer Edouard Philippe, "tant que notre sécurité et notre intégrité physique ne sont pas garanties".

Une décision à laquelle se plie Cédric Delaire à regret.


Scandalisé par le saccage de l'Arc de triomphe


Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche le 2 décembre, "dix gilets jaunes libres" condamnent les violences des manifestation de la veille et appellent au dialogue avec le gouvernement. Cédric Delaire, militant dans l'Aisne, est l'un des dix signataires. Il nous a expliqué ses motivations.

Les images de l'Arc de Triomphe saccagé ont scandalisé Cédric Delaire. À tel point que cet habitant du Tardenois a tapissé son profil Facebook aux couleurs du monuments et du drapeau national. Cédric Delaire a beau être un "gilet jaune", il ne comprend pas les dégâts causés par la manifestation organisée par son mouvement, le 1er décembre.

Résident à Coincy, à l'est de Soissons, Cédric Delaire a co-signé une tribune publiée le 2 décembre dans le JDD. Avec neuf autres auteurs, baptisés "gilets jaunes libres" et dont il est le seul membre issu des Hauts-de-France, il appelle à "une colère constructive", à l'arrêt des violences et aux négociations avec le gouvernement.
 

La colère, pas la violence

"C'est la synergie du refus de cette "radicalisation" du mouvement des gilets jaunes qui nous a conduit à écrire cette tribune," raconte ce technicien dans le matériel de santé. Le 24 novembre, pour l'acte 2, Cédric Delaire avait foulé le pavé parisien pour crier sa colère, en compagnie de milliers d'autres "gilets jaunes". Le 1er décembre, il a préféré rester dans l'Aisne. "On sentait que ça allait péter", confie-t-il.

Au téléphone, en visionnant les images de la manifestation parisienne, il discute au téléphone avec Benjamin Cauchy, l'un des porte-parole du mouvement en Haute-Garonne, qu'il connaît depuis quelques années par leur engagement politique commun à Laon. Tous deux partagent le même point de vue. "Des gilets jaunes sont volontairement partis de la table ronde proposée par le Premier ministre [le 30 novembre, NDLR], ce n'était pas correct de refuser cette main tendue. Maintenant, on a des manifestations qui entraînent des violences, avec différentes mouvances qui infiltrent le mouvement. Nous avons peur que l'État face appel à l'état d'urgence pour stopper ces violences."

 


Des "libres" et des "radicalisés"

Pour se démarquer de ces casseurs, ce "gilet jaune libre" n'hésite pas à employer le terme de gilet jaune "radicalisé". Lui, répète qu'il souhaite trouver "une porte de sortie" au conflit social et qu'elle ne se trouvera que par "un dialogue" et des "tables rondes" avec le gouvernement. "Il y a eu un "dégagisme" en 2017 qui a profité à Emmanuel Macron. Aujourd'hui, ce "dégagisme" s'oriente vers les institutions," note Cédric Delaire.

Issu de la droite, l'Axonnais assure qu'il est tombé d'accord avec un anarchiste alors qu'ils conversaient sur le marché de Soissons. "Nous ne sommes pas pour la destruction des institutions, nous souhaitons travailler avec elles et avec les élus pour trouver une solution," rappelle-t-il cependant.
 

Un mouvement politique, mais pas partisan

Encarté successivement depuis 1995 au RPR, à l'UMP et aux Républicains, Cédric Delaire ne compte plus sur les partis politiques. Il garantit que son engagement présent n'a rien de partisan. D'où le qualificatif "libre" apposé à leur groupe. "J'ai signé cette tribune en tant que citoyen, souligne Cédric Delaire. J'ai renouvelé mon adhésion sans conviction en 2017, c'était la dernière fois. Le problème, c'est qu'en tant que simple adhérent, on n'est plus écouté. Les politiques n'écoutent plus du tout la base, n'ont plus conscience de ce que vivent les gens sur le terrain, dans les campagnes."

Comme dans l'Aisne, qui selon lui, manque cruellement de transports en commun. "Rien que pour rejoindre Amiens ou même Saint-Quentin de Château-Thierry, il faut passer par la gare de l'Est!," se révolte l'Axonnais.

Les "gilets jaunes libres", autoproclamés représentants du mouvement, espèrent être prochainement reçus par le gouvernement. Leurs propositions sont diverses : ils comptent sur la tenue d'États généraux de la fiscalité, pour un "impôt plus juste", d'une conférence sociale et nationale pour parler notamment du redéploiement du service public, ainsi que l'instauration de l'élection proportionnelle, "pour des élus plus représentatifs". "Aujourd'hui, nous avons 80% des Français qui nous soutiennent, estime Cédric Delaire. Ce serait dommage qu'à cause des violences les Français s'en détachent parce que nous n'apportons rien de concret"
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