Arrivé fin 2018 à Vailly-sur-Aisne, un médecin bulgare a fermé son cabinet et déménagé dans le sud de la France au grand dam du maire. La commune ne compte désormais qu'un seul généraliste, une situation courante dans le département.
Le recrutement du docteur Dessemir Borisov fin 2018 pour remplacer un confrère parti à la retraite suscitait beaucoup d'enthousiasme à Vailly-sur-Aisne.
La commune de 2000 habitants située à 20 kilomètres au nord-est de Soissons conservait ainsi deux médecins généralistes.
Un regret absolu
Arnaud Battefort, maire de Vailly-sur-Aisne
Trois ans et demi plus tard, la belle histoire est terminée. Une fin sous la forme d'un simple papier sur la porte du praticien bulgare. "C'est un regret absolu", avoue Arnaud Battefort, maire DVG de Vailly-sur-Aisne.
Une déception d'autant plus grande que la municipalité a aidé le Dr Borisov à s'installer "décemment " dans son cabinet médical et son appartement personnel. A cette aide financière directe d'environ 20 000 euros, s'est ajoutée la mise à disposition d'un véhicule avec le carburant pendant un an.
Un départ inattendu, mais légal
Le Dr Borisov parti, ne reste désormais que son confrère Philippe Primot, déjà bien occupé avec ses 1800 patients : "Je suis au taquet. Si je ne limitais pas, je verrais 70 ou 80 personnes par jour. Je ne peux pas faire plus. C'est du stress."
La situation, certes gênante pour les Vaillysiens, n'a rien d'illégal. Dessemir Borisov, que nous n'avons pas pu joindre, exerce en libéral. A ce titre, il bénéficie de la liberté d'installation qui offre la possibilité de choisir d’exercer où bon lui semble sur le territoire national. Il aurait choisi le secteur de Nice, selon Arnaud Battefort.
Un quart de médecins en moins depuis 2010
Cette mésaventure n'arrange rien à la situation dans le département. L'Aisne comptait déjà en 2018 la 5e plus faible densité médicale en France métropolitaine. Plus grave encore, les effectifs de médecins généralistes, en activité régulière, ont fondu de 26% entre 2010 et 2020 !
Pour compenser le manque de professionnels français, les communes, comme Vailly-sur-Aisne, font des efforts pour recruter des étrangers. Dans l'Aisne, "ils sont une cinquantaine et la plupart restent", assure Jean-Marie Tilly, président du Conseil de l'ordre des médecins, qui confirme leur importance pour la santé des Français : "L'apport des médecins étrangers est indispensable".
A Vailly-sur-Aisne, la recherche d'un nouveau généraliste est la priorité : deux agents de la commune sont engagés sur le dossier.