Deux ans après avoir perdu son mari, une femme a reçu un courrier de la SNCF lui réclamant "réparation du dommage". Une demande déplacée, selon cette veuve de 42 ans. Procédure habituelle, se défend la SNCF.
"En colère, sous le choc, écoeurée". Telle a été la réaction d'Aurore lorsqu'elle a reçu, il y a quelques jours, une lettre de la SNCF lui demandant "réparation" pour les dommages qu'aurait causé le suicide de son mari sur les rails.À 42 ans, Aurore a perdu son mari en 2016. Il s'est donné la mort laissant derrière lui trois enfants et sa femme. Jamais cette dernière n'aurait pensé recevoir un tel courrier. "Au début j'ai cru que quelqu'un avait pris le train à mon nom en fraudant... Ce qui m'a le plus choquée, c'est la phrase 'je tiens à vous présenter mes plus sincères condoléances. Ça m'a anéantie."
Dans ce courrier que nous avons pu lire, la SNCF précise qu’elle "n’a nullement l’intention de rechercher un dédommagement auprès de la famille" et demande d’être excusée "pour ces considérations matérielles en ces pénibles circonstances".
"Procédure normale"
Contactée, la SNCF explique qu’il s’agit d’une procédure normale après un suicide, et que les assurances sont toujours contractées. Cette fois, ne parvenant pas à joindre celle du suicidé de l’Aisne, elle s’est résolue à passer par la famille.
Le délai de cette lettre (deux ans après les faits) ajoute à la douleur de la famille. "C'est dégueulasse," considère la veuve de la victime, qui n'a pas pu obtenir le montant des "dommages matériels" cités par la SNCF. "J'ai appelé mais la personne au bout du fil m'a dit que cela ne me regardait pas. Je lui ai répondu qu'il ne manquait pas de culot !"