C'est une passion saisonnière, mais dévorante. À l'approche de Noël, les villages miniatures poussent aux quatre coins de la région pour le plaisir du public. Rencontre avec des passionnés dans l'Aisne.
Un téléphérique qui gravit la montagne, un manège qui tourne, des lumières par dizaines qui scintillent sur un sol blanchit de neige. C'est peut-être l'image d'un Noël idéalisé qui s'étale sous les yeux du visiteur du village de Noël miniature de Gricourt, à côté de Saint-Quentin.
Dans une salle communale, depuis 4 ans, un impressionnant village est exposé sur 15 mètres carrés. Dès novembre, "trois semaines d'installations, plus de 150 heures de travail", raconte Frédéric Le Corre, la cheville ouvrière de l'opération. Un spectacle éphémère : le village est ouvert au public jusqu'au 30 décembre. "Le restant de l'année, tout est stocké en boite d'origine".
À l'origine de cette initiative, Frédéric Le Corre, 51 ans, travailleur en usine, et passionné depuis 8 ans, ans par cette activité. "J'ai tout fait de A à Z, alors je vois tous les défauts, tous les détails. Il y a toujours un mais", concède Frédéric, visiblement perfectionniste.
Déjà 450 visiteurs cette année
Les maisons sont achetées dans le commerce puis mises en scène dans un beau décor. "Ça change des mauvaises nouvelles", explique celui qui se passionne aussi depuis son enfance pour les tracteurs.
"Au début, c'était privé, à notre domicile" et puis la médiatisation locale a poussé Frédéric à développer son petit village. "Nous avons été repérés pour exposer au marché de Noël de Saint-Quentin pendant 2 ans". Finalement, la mairie de Gricourt a fini par proposer une salle pour exposer la maquette pour les fêtes. "743 visiteurs en 2019, 503 en 2021 et 450 déjà cette année", dénombre précisément l'organisateur.
L'activité s'apparente à du modélisme. Elle se porte si bien qu'elle est aujourd'hui devenue une association de 17 membres : "Village miniature de Noël 02". Dans ce domaine, "nous serions la seule en France apparemment", estime Frédérique Le Corre. Au départ de l'aventure, il a pu s'appuyer sur sa famille, puis "les gens ont voulu aider et maintenant nous sommes une bonne petite équipe" qui organise deux fois par an une bourse aux jouets pour se financer. "C'est très cher et fragile".
Pas de quoi empêcher l'association d'avoir des idées et des projets. "L'an prochain, on va faire encore mieux", rêve déjà son président qui imagine un "feu d'artifice derrière la montagne" et de l'eau véritable qui s'écoulerait. "On va refaire la montagne, on va prendre le temps en mai et juin".
"Je passe mes nuits à travailler"
À Hargicourt, pas très loin de là, Samuël Sellier partage la même passion pour la miniature, mais lui fabrique intégralement ses petites maisons de Noël. Des centaines de chalets, des maisons d'inspiration alsacienne qu'il fabrique à base de bois ou de carton. "J'ai même fait celle de ma grand-mère", raconte ce père de famille de 37 ans.
Cette passion lui prend beaucoup de son temps libre. "Une maison, c'est au moins deux ou trois heures de travail", confie le passionné. "J'adore. Parfois, je suis crevé, mais j'ai un truc à faire alors je veux finir", raconte-t-il. Samuël intègre ensuite ses réalisations dans un décor de sapins ou de personnages. "J'adore. Dès qu'un truc sèche, j'en attaque un autre. Je passe mes nuits à travailler".
"Les yeux qui brillent"
La passion de Samuël lui vient de son plus jeune âge. "J'adore peindre. Tout petit, je voulais un village de Noël, mais je n'avais pas les moyens". Mais il se rattrape depuis qu'il est papa. Samuël s'est lancé "pour faire rêver les petits". "J'ai démarré par un village en carton, j'ai récupéré de la peinture et puis je me suis dit que je devrais attaquer le bois". Finalement le rendu final a satisfait ce passionné exigeant qui admet même "être un peu maniaque".
Mais pourquoi cet amour pour les petites maisons de Noël ? "Quand je vois les yeux des enfants et des grands qui brillent..." répond simplement Samuël Sellier qui aime transmettre sa passion à ses enfants "Je leur passe le relais. Ils créent avec moi. Même ma petite de 4 ans".
En décembre, le créateur a ouvert pour la première fois les portes de son atelier sur rendez-vous. Désormais il possède le statut d'auto-entrepreneur et entend vendre ses réalisations. Une activité saisonnière uniquement. "Je personnalise, le prénom, la couleur", précise Samuël Sellier, ce qui lui permettra peut-être de mettre un peu de beurre dans les épinards.