Pour permettre aux jeunes de s'insérer plus facilement dans le monde du travail, l'Epide de Saint-Quentin organise ateliers pratiques, sports et stages en entreprise dans un cadre inspiré du modèle militaire.
Dans cet Epide de Saint-Quentin (établissement pour l'insertion dans l'emploi), les 150 volontaires ont tous le même objectif : se hisser jusqu’au monde du travail. Après le lever de drapeau, les exemples de réussite sont mis à l'honneur dans le cadre d'une cérémonie martiale.
Comme le récit de Chloé, 18 ans, qui intègre un centre de formation d'assistante de vie dépendante et qui a d'ores et déjà obtenu plusieurs certifications durant son séjour au centre : "Au début, c'est difficile de suivre le rythme, on n'a pas l'habitude de tout ce cérémonial et de chanter la Marseillaise, mais on s'y habitue (...) Quand on arrive aux couleurs ça nous touche un peu. On se dit qu'on fonce vers notre avenir".
Des stages pour s'insérer plus facilement
Pour optimiser le taux d’insertion de ses protégés, Jérôme Blanchard, le directeur des centres Epide de Saint-Quentin et de Cambrai a imaginé le SAS Emploi : un partenariat avec des entreprises de secteurs en tension.
"Aujourd'hui, le taux d'insertion global est autour de 66-68 % et effectivement, le fait de nouer de nouvelles relations avec les entreprises va nous permettre d'augmenter la part de jeunes en sortie positive, mais aussi d'améliorer la palette des emplois qu'on peut proposer aux volontaires. Et ça marche. On a découvert avec ce SAS emploi des métiers qui n'existaient pas avant le partenariat. On est les spécialistes du savoir-être et c'est ce cadre qui intéresse les entreprises. Et puis sur le volet de monter en compétences, ça, ils savent faire et c'est à eux d'accompagner leurs futurs salariés", détaille-t-il.
Une enseigne d’électroménager a accepté de s’engager dans ce programme en prenant Dorian en stage. Le groupe a sélectionné treize profils au sein des quatre Epide de la région après trois semaines de formation.
"L'idée, c'est d'accompagner les jeunes sur de l'insertion professionnelle, c'est l'une des missions de l'entreprise, et d'insérer les jeunes sur des domaines qui sont importants pour nous. Autour de la réparation, de l'éco-circularité... Et de pouvoir mettre le pied à l'étrier à des jeunes qui sont éloignés de l'emploi", précise Romain Picque Crosbie, directeur du magasin qui encadre Dorian.
Des enseignements pluridisciplinaires
Pour convaincre plus d’entreprises d’entrer dans le dispositif, le centre Epide axe ses cours sur des compétences très demandées, comme la maîtrise des imprimantes 3D. "À ce titre, Le Fab-Lab est un atelier stratégique où les élèves développent leur savoir-faire autant que leur confiance en eux, comme le raconte Louane, volontaire : "Il y a quelque chose au Fab-Lab qu'on ne trouve pas forcément dans le scolaire. Par exemple là, monsieur Bouvier nous donne l'occasion de créer de nouvelles choses à notre manière. Il nous laisse la créativité à notre image quoi. C'est valorisant. C'est différent de l'école, ça m'aide beaucoup pour ma vie professionnelle."
En plus des ateliers pratiques, le sport une fois par jour vient consolider les chances de réussite. Indispensable pour améliorer la santé physique et mentale de ces engagés au passé difficile. "Il y a beaucoup de jeunes qu'il faut sortir de la sédentarité, qui sont restés un moment sans aucune activité physique et le fait d'avoir de la régularité dans cette activité. Ça leur permet de reprendre confiance en eux, de trouver un rythme", celui qu'il "leur faudra quand ils devront s'insérer dans la vie professionnelle", explique Aurélien Bouglenan, professeur de sport à l'Epide.
Un accompagnement pluridisciplinaire et un internat dans lequel ils doivent gérer eux-mêmes l’intendance. Benjamin apprend beaucoup tous les jours depuis dix mois et espère que son prochain stage sera le dernier : "Si ça se passe bien, j'espère avoir un vrai appartement, passer le permis et signer un CDI en boulangerie".
Le centre Epide se targue de ne laisser aucune de ses recrues sur le bord de la route avec un slogan ambitieux : "zéro sortie sans solutions".
Avec Christelle Juteau-Lermechin / FTV