Le tournesol fait son grand retour dans les champs de la région Hauts-de-France, notamment dans l'Aisne. Un virage entamé avant la guerre en Ukraine et la pénurie d'huile. La plante multiplie en effet les avantages et suscite l'intérêt de nombreux agriculteurs.
Maturité à point, taux d’humidité idéal. La récolte du tournesol bat son plein dans un champ de Toulis-et-Attencourt dans l'Aisne. Hugues Bécret, l'agriculteur, a découvert cette culture depuis l’an passé. Jusqu'ici oubliée dans le secteur, elle lui donne visiblement satisfaction. "C'est la deuxième année que je fais du tournesol, c'est une culture qui me plaît, qui a l'air de répondre à nos types de sol, qui se plaît bien ici et qui n'est pas tellement gourmande en eau", détaille-t-il.
L'agriculteur a semé 28 hectares cette année. Le tournesol multiplie les avantages à ses yeux. Il demande notamment peu de traitements et d'engrais, de plus en plus coûteux, et ne nécessite pas d'investir dans des machines spécifiques. De quoi assurer sa rentabilité. "Quand vous recherchez la marge économique finale, quand on la compare à d'autres cultures de mon exploitation, elle se situe très bien par rapport à d'autres : je fais du blé, de l'orge, des pois protéagineux, des betteraves et la culture du tournesol a sa place", affirme-t-il.
"Un marché porteur"
Un constat partagé par de nombreux agriculteurs du département. Conséquence cette année, la surface de tournesol avoisinerait les 1 000 hectares dans l’Aisne alors que celui-ci avait quasiment disparu dans les années 80. Il faut dire aussi qu'entre temps de nombreux paramètres ont changé.
"Il y a déjà la modification du climat, puisqu'on est sur des conditions beaucoup plus sèches. Le tournesol supporte bien les conditions sèches, notamment par rapport à du maïs. En plus c'est un marché qui est porteur puisqu'on a des prix qui sont quand même assez élevés et cela permet de remplacer des cultures comme le colza qui deviennent plus compliquées à cultiver, donc il y a beaucoup d'avantages à ce retour en force du tournesol", explique Nicolas Jullier, responsable de l'expérimentation.
Les graines produites dans l’Aisne seront pour la plupart transformées en huile de friture. Ce virage amorcé avant le conflit en Ukraine, tombe à point nommé dans un contexte de pénurie. Le tournesol devrait s’ancrer dans le paysage picard pour plusieurs années.