Encore aujourd'hui, la prostitution étudiante est majoritairement considéré comme un choix et non une nécessité. C'est ce qui ressort d'une étude fournie hier lors d'une conférence à l'université Jules Verne. L'occasion d'évoquer ce phénomène méconnu sans tabou.
Amiens est une ville connue pour accueillir un grand nombre d'étudiants, 23 000 exactement. La prostitution étudiante est un phénomène qui justement se développe dans les grandes villes universitaires. C'est pour cette raison que plusieurs spécialistes ont donné une conférence hier à l'université de droit et de sciences sociales.
L'objectif de cette conférence était avant tout de sensibiliser les jeunes au facteur déclencheur. "Il n'y a pas de prostitution étudiante mais la prostitution piège les étudiantes", explique Bernard Lemettre, délégué général du mouvement du Nid, qui évoque plusieurs cas de réseau de proxénétisme qu'il a rencontré.
Pour la plupart, un passif de maltraitance
Entre 80 et 95% des personnes qui se prostituent ont déjà subi des violences auparavant. Un lien quasiment systématique peut être fait entre l'enfance de la personne et son activité de prositution. Durant la conférence, un médecin spécialisé en victimologie a évoqué le lien avec la mère. Très souvent, l'image de soi des prostitutées est biaisée à cause de dévalorisations répétées de la part de leur mère. Certaines ont même entendues, enfant ou adolescentes, qu'elles étaient "des putes"...
Sortir de son corps pour ne plus avoir mal
Pour supporter la dureté de la prostitution, le processus de "décorporatisation" est souvent observé chez les prostituées. Ce mécanisme psychique consiste à se détacher de son propre corps. À tel point que la douleur n'est parfois plus ressentie. Un processus dangereux, la douleur jouant un rôle d'alerte.
"Etre consentante ne veut pas dire avoir du plaisir", lance-t-on lors de la conférence. Objectif ici, briser les préjugés. Car selon l'étude du CIDFF, le Centre d'inforrmation sur les droits des femmes et des familles, 98% des hommes pensent que la prostitution est un choix. Ce qui ne les empêche pas, paradoxalement, de répondre à 100% que recourir à cette pratique traduit une situation de détresse.
Pour les prostituées, l'espérance de vie est de 40 ans contre 85 ans pour les femmes qui ne se prostituent pas. 2% des personnes qui se prostituent sont des hommes, 90% sont des femmes et 8% sont transgenre.