Après Calais, les migrants tentent désormais la Normandie ou la Belgique

Avec le renforcement du dispositif sécuritaire autour de Calais, les candidats à l'exil essaiment désormais en Normandie et en Belgique, explique le chef de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre, Julien Gentile.

Des migrants arrivent-ils encore à rejoindre l'Angleterre depuis Calais ?

Le seul moyen d'y arriver aujourd'hui, c'est avec des passeurs. Mais le chiffre, par nature, est inconnu : personne ne peut avoir d'estimation. De surcroît, on ne passe plus forcément par Calais mais par d'autres endroits : les migrants sont certes pris en charge dans les camps comme Calais ou Grande-Synthe, mais pour ensuite se rendre à Zeebrugge (Belgique), Ouistreham, Dieppe ou Cherbourg afin de tenter de rejoindre l'Angleterre. On constate donc qu'il y a un étalement, une dissémination, on a commencé à retrouver des migrants du côté normand et belge. Et on observe que les filières se sont dispersées sur l'ensemble du territoire national. Les gens qui restent à Calais ou Grande-Synthe sont ceux qui n'ont plus d'argent pour payer les passeurs, ou qui les ont déjà payés et attendent la prestation. Ce sont aussi souvent les plus motivés pour rejoindre l'Angleterre, car ils y ont de la famille ou une communauté d'accueil et sont anglophones. Ils n'ont aucune envie de rester dans le nord de la France ou d'être envoyés dans un centre d'accueil, en Lozère par exemple, où ils ne connaissent personne. 

Combien de migrants tentent leur chance autre part que dans le nord ?

Difficile à dire. L'indicateur pourrait être le nombre de personnes interpelées en situation irrégulière dans ces secteurs. Il peut bien sûr s'agir des mêmes personnes interpelées plusieurs fois, mais on a noté depuis le début de l'année dans des endroits comme Dieppe ou Cherbourg des hausses de +200%, +300%, voire +1000% sur certaines villes. On parle parfois de très petits chiffres, mais l'augmentation est très brutale dans certains endroits. Les camps ne vont pas forcément se vider, mais les nouveaux arrivants ne vont plus systématiquement sur Calais où la situation est bloquée. Le risque, c'est que d'autres camps se créent autre part. En termes de démantèlement, on était à peu près à 20-30 filières par an jusqu'à l'année dernière, et on en est déjà à 15 sur quatre mois en 2016. Depuis un an et demi, dans le nord, 70 enquêteurs de la PAF (police aux frontières) travaillent uniquement sur ces démantèlements.

Les passages rendus plus difficiles poussent-ils les migrants à prendre davantage de risques ?

Il y a des choses qui n'existaient pas avant. Cela reste des épiphénomènes, mais c'est peut-être un signe que les gens tentent autre chose : des gars qui sautent dans le port pour essayer de monter sur des ferries, ou essayent de passer en Zodiac... C'est ce qu'il y a de plus inhabituel, mais avec des niveaux de risques plus élevés, car prendre la mer de nuit dans un petit Zodiac, c'est beaucoup plus dangereux. Mais la peur n'empêche pas le danger... Cela dit, en France, on se focalise sur des chiffres qui, au plan européen, sont objectivement dérisoires. Les Turcs nous rient au nez quand on leur dit qu'on est au bord de la crise politique pour 3000 personnes et qu'ils en ont 2,5 millions. En fait, on est très peu impacté par la crise migratoire.

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