Alors que la France et de nombreux pays européens ont décidé de suspendre la vaccination avec le sérum AstraZeneca dans l'attente d'un avis de l'Agence européenne des médicaments, la Belgique poursuit cette campagne. "Arrêter serait irresponsable", explique le ministre belge de la Santé.
"Arrêter cette campagne de vaccination en sachant qu’il y a tellement de circulation du virus, ça serait irresponsable parce que c’est une protection sure et efficace contre cette maladie". Ces mots ont été prononcés par le ministre belge de la Santé, Frank Vandebroucke, sur le plateau de nos confrères de la RTBF lundi 15 mars dans la soirée.
Une prise de position à contrepied de la majorité des pays européens – dont la France et l’Allemagne – qui ont décidé un peu plus tôt dans la journée de suspendre à titre préventif l’inoculation du vaccin AstraZeneca après la découverte de quelques cas suspects de thrombose, sans lien avéré avec le sérum à ce stade. Une trentaine de cas sur 5 millions de personnes vaccinées en Europe d’après l’Agence européenne des médicaments (AEM), dont un cadre estime que "la balance bénéfice/risque du vaccin est considérée comme positive".
Cette méfiance, née il y a quelques jours après que le Danemark, l’Islande ou encore la Norvège ont pris la même décision, est rejetée en bloc par le groupe pharmaceutique anglo-suédois qui affirme qu’il n’y a "aucune preuve de risque aggravé" de caillot sanguin entrainé par son vaccin. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il n’y a "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin.
En Belgique, "on continue"
La décision des autorités belges intervient après la tenue d’une réunion de crise organisée par le conseil supérieur de la santé, qui a réaffirmé sa décision de poursuivre la vaccination avec AstraZeneca, restant aligné sur la position de l’AEM. "La sécurité du vaccin est ultra importante. Nous voulons voir toutes les données et nous exigeons que l’Agence européenne des médicaments analyse toutes les données au niveau de toute l’Europe et nous rende un rapport jeudi (18 mars 2021, ndlr)", explique Frank Vandebroucke.
Alors, pourquoi ne pas suspendre quelques jours seulement l’inoculation du vaccin AstraZeneca dans l’attente de l’avis de l’AEM ? Réponse du ministre. "Demain, après-demain, il y a des milliers de personnes âgées vulnérables qui vont se faire vacciner, et ils doivent se faire vacciner parce que c’est une protection excellente contre une maladie qui entraine souvent la mort", avant de rappeler que "pas mal de gens qui meurent de la Covid meurent d’une thrombose".
"C’est une course contre la montre"
Une décision qui s’inscrit également dans l’accélération de la campagne de vaccination souhaitée par les autorités belges. Au 15 mars, 6,6% des Belges ont reçu au moins une dose de vaccin. "C’est une course contre la montre parce qu’il y a une vraie hausse des contaminations, une augmentation importante des hospitalisations et du nombre de personnes qui doivent être soignés en soins intensif, détaille Frank Vandebroucke. Il faut se protéger contre ce virus".
« On continue » explique le ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke « c’est un très bon vaccin, c’est une protection contre une maladie qui tue »
— Thomas Gadisseux (@tgadisseux) March 15, 2021
« Arrêter ce serait irresponsable » #AstraZeneca @RTBFinfo pic.twitter.com/UgQHGKvxS1
Ce mardi 16 mars, le ministre français de la Santé Olivier Véran espère pouvoir reprendre rapidement la campagne de vaccination dans le pays. "Je souhaite ardemment que nous puissions reprendre le plus vite et le plus tôt possible la campagne vaccinale avec le vaccin AstraZeneca", a-t-il déclaré.